Coup d'accélérateur pour le vin online?


À court terme, cette information économique ne modifiera pas énormément votre façon d'acheter du vin. AdVini, le groupe qui puise ses racines dans la maison de négoce languedocienne Jeanjean, vient d'acheter Le Club français du Vin. AdVini, avec un chiffre d'affaires de plus de 222 millions d'euros, c'est du gros, c'est du lourd! En comparaison, Le Club français du Vin fait un peu figure de belle endormie avec son CA annuel de 6 millions d'euros (France + Suisse); en revanche, à la différence de la plupart de ses concurrents, l'entreprise peut se targuer d'une longévité de bon aloi puisqu'elle a été créée en 1973, bien avant Internet, et qu'elle a donc une longue pratique de la vente par correspondance. Face à des sociétés qui n'inspirent pas toujours confiance (surtout depuis les déboires de 1855.com et de ses filiales!), ce peut être un atout pour la clientèle traditionnelle.


Toujours est-il que voir un des plus importants acteurs de la filière en France (le quatrième) se lancer dans la vente en ligne a un caractère hautement symbolique. Car, aujourd'hui, AdVini, qui se présente comme "le leader national du vin de qualité", c'est principalement la grande distribution. Ce soudain intérêt pour la vente en ligne montre que les lignes bougent. Et de fait, que ce soit avec des vieux de la vieille, des mastodontes du Web ou avec des petits nouveaux, des "pure players" comme on dit, elles bougent. L'internaute français a de plus en plus soif: selon les chiffres publiés par BEM-Kedge Business School à l'occasion du dernier Vinexpo, le marché de la vente de vin en ligne a progressé de 30 % en 2012, pour atteindre 534 millions d'euros. Sachant que la moyenne de progression est de l'ordre d'un tiers par an*, l'étude estime qu'il pourrait atteindre 705 millions en 2013 et passer le cap du milliard en 2015! Advini, comme ses concurrents, n'a pas intérêt à laisser filer sa part du gâteau.
 

Au delà de ces données macro-économiques, il est intéressant de noter qu'apparemment, ce sont plutôt les crus coûteux, au dessus de 10€ TTC, qui se vendent sur le Web; compte tenu des importants frais de port d'une (trop?) lourde bouteille de vin, cela semble logique.
La question est aussi de savoir si cet éventuel glissement de la distribution du vin vers la vente en ligne va une nouvelle fois nuire à la biodiversité des sources d'approvisionnement et renforcer la concentration. Y-a-t-il de la place pour tout le monde sur la Toile pinardière? Car, plus encore que dans la vente physique, la rentabilité en ligne réclame de la patience, et une solide trésorerie.
Il est est en tout cas agréable de constater qu'en plus des maisons bordelaises (et des vignerons qu'il ne faut pas oublier!), les cavistes traditionnels sont plusieurs à avoir franchi le pas. Des gros comme Lavinia qui couvre désormais plusieurs pays ou le très bordelais Millesima, et des "petits", recensés ici par Antonin Iommi-Amunategui, le naturiste engagé de Rue89. Et puis des adresses plus discrètes mais efficaces qu'on pioche ici et là, comme par exemple La Cave de Guy à Gevrey-Chambertin pour la Bourgogne, La Cave spirituelle pour le Sud-Ouest, Vin & Indépendance à Nantes. Bref, pour acheter en ligne, l'offre se diversifie. Que cela ne vous fasse toutefois pas oublier d'aller saluer votre caviste de quartier, vous savez, le type qui n'a pas d'ordinateur mais souvent un tire bouchon dans la main…




Commentaires

  1. Bonjour Vincent,
    Moi qui suis un lecteur fidèle, depuis longtemps, des idées liquides & solides (au passage merci pour de nombreux tuyaux qui m'ont permis de découvrir, entre autres, les délicieux écrits de Francis Amunategui ou la merveilleuse Ferme de La Ruchotte, pour ne parler que des posts récents), me voilà soudain un peu peiné que le billet de ce jour, fort intéressant au demeurant, cite un nombre impressionnant d'acteurs du vin sur le web en ignorant iDealwine qui est totalement leader sur la vente de vins aux enchères et un acteur majeur de la vente de vins en ligne avec des sélections pointues qui vont devenir encore plus larges et complètes en 2014. Et avec de nombreuses références qu'à mon avis votre palais délicat et connaisseur apprécierait particulièrement ! :-)) Philippe Barret (iDealwine et Le Rouge & Le Blanc).

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    1. Mais effectivement, j'accolais plus une image de "commissaire-priseur" à iDealWine. Merci de le préciser.

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  2. Un bon VPCiste ne fera pas forcément un bon e-commerçant. Cf. La Redoute. Aujourd'hui, l'info est à portée de clic. La bataille se fait sur la logistique et son coût. Pas sur le catalogue à notre grand désarroi. Si Advini cherche du conseil je suis là ;o)

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