Tu me suces ou…


J'ai récemment attrapé au vol cette phrase inoubliable d'un sommelier espagnol, considéré comme un caïd, un champion dans son pays: "moi, le vin, je n'en bois jamais à table, je ne suis pas alcoolique!" Alors, vous vous demandez toujours pourquoi la consommation a chuté dans la péninsule jusqu'à atteindre des scores deux à trois fois inférieurs à ceux de la France ou de l'Italie? Eh oui, le vin, avec des prescripteurs, avec des amis comme ça, il n'a pas besoin d'ennemis*…
Le problème, c'est que tous ces types-là, quand on les retrouve en civil, de préférence une clope au bec, on voit bien à leur verre d'Estrella Damm ou de gin-tonic que ce n'est pas vraiment l'alcool qui les effraye. Juste le goût du vin. Il est vrai qu'entre les épaisses soupes de planche ripolinées qu'ils servent et leur éducation gustative américanisée au soda et à la salade Cesar, ce parfum de raisin, et le sale goût de Nature qu'il peut évoquer, ça a de quoi les dégoûter!
Heureusement, un professeur Nimbus de la viticulture a trouvé la solution: un rouge aromatisé au Coca-Cola. Génial! Les voila enfin débarrassés de cette horrible parfum de vigne, masqué qu'il est désormais par les rassurants effluves de leur boisson préférée. Cette saloperie s'appelle Rouge Sucette. Je vous promets que c'est vrai, un nom pareil, je n'aurais pas osé l'inventer. Comme nous l'apprend la Dépêche du Midi, c'est produit par un négociant bordelais, Haussmann Famille, qui a présenté ça à Vinexpo (qui devient décidément le salon des bouteilles maudites). Ce sera bien évidemment vendu en grande surface, entre le papier-cul et le produit-vaisselle. Quand? Au mois de juillet. Il me tarde…

 


* L'occasion d'en remettre une petite couche sur les "ennemis de l'intérieur" du vin français, ces fonctionnaires et médecins, toutes ces bouches à nourrir qui justement n'oublient jamais de mordre la main qui les nourrit. Lisez ou reliez, c'est ici.

Commentaires

  1. Le négociant bordelais "famille haussmann" est plus connu sous le nom Chateau en Bordeaux. Il n'y a pas de famille haussmann...
    http://www.chateaux-en-bordeaux.com/

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    1. Ce n'est pas tout à fait exact, il y a un léger lien avec la famille Haussmann (d'ailleurs expliqué sur le site que citez). En revanche, l'entité dont il est question ici, c'est bien Haussmann Famille: http://www.societe.com/societe/haussmann-famille-383990405.html
      Mais ce n'est qu'un détail.

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    2. Effectivement, j'avais pas bien lu.
      Mea Culpa!

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  2. Vin + coca
    cela se nomme : calimocho
    et c est vieux comme le monde
    tous les bars d Espagne en vendent depuis des decennies

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    1. Ça, je suis bien placé pour le savoir. Ça existe également dans les pays de l'Est où ça s'appelle "diesel".
      Cela étant, ce n'est pas étonnant que cela vienne d'Espagne, champion d'Europe de la consommation de Coca-Cola par habitant et dont l'américanisation à outrance (grâce à des complicités politiques et "gastronomiques") n'est plus à démontrer. L'Espagne dont on notera au passage qu'elle est en revanche le pays producteur où la baisse du vin bat tous les records. Comme modèle marketing, il y a mieux, je pense…
      Quant à produire ça à Bordeaux, il me semble qu'il y a mieux en terme d'image et de défense du terroir ou de l'identité.

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    2. Quant au Monde (et au vin), heureusement qu'il existait avant le Coca-Cola. Et qu'il existera après.

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  3. bah oui, vin coca je faisais ça dans des poubelles de 50 litres dans les soirées etudiantes à toulouse !!! et c'etait dasn les années 90 lol !!!! bref, une recette vieille comme le monde, mais ne ne nous inquietons pas trop.
    J'ai commencé avec ça et aujourd'hui je sais apprécié de bons vins....il n'y pas que du negatif la dedans !!

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  4. On a manquer de savoir faire . On aurais put mettre en bouteille notre ( limer) . Rapeler vous le petit ( rouge-blanc-rose) ca se vend dans les fetes du centre de la France lol :)

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    1. Ça, le blanc-limé, c'est fait depuis longtemps. Depuis 10 ans au moins, à Bordeaux.

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  5. En même temps, il semblerait que tous vos mélanges n’améliorent pas l’orthographe. Est-ce un concours pour celui qui tapera le plus de fautes en trois lignes ? Même avec un QWERTY, il faut être champion !
    Vincent, la scène se passe hier soir, au bord de l’étang de La Franqui, chez « Buzz » (pas LE buzz, non Buzz le Maghrébin). Plein de « kyteurs » (tu sais, ce machin qui fait rêver les minettes et fait la fortune bien réelle des orthopédistes, neuro-chirurgiens et marchands de « voiles »). Il sert du rosé-fraise à gogo. Rosé bien frais, fraises écrasées, deux alcools de fruit différents. Moi, j’ai le foie en compote et me suis mis à la diète pour au moins une semaine : donc, Perrier tranche. On peut aussi avoir du fraise Tagada-wodka (glups !).
    Heureusement, Christine choisit un DELICIEUX Pineau des Charentes (j’y ai trempé les lèvres). A table (magret très correct, sans prétention, savoureuse sauce aux figues), ce sera un Minervois (connu) sauf pour moi qui continue au Perrier. J’suis fou, non ?
    Mais sur la table voisine, que vois-je ? Ombre et Castle Gore, où quelque chose comme cela. Me suis dit que cela te ferait plaisir, il paraît que tu apprécies les petits Corbières. En plus, dimanche aprem, z’étions en visite chez Gérald Servais (Au Chai) à Castillon. Là aussi, il y avait un Bon Dieu qu’il ne savait pas où mettre !

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  6. coucou :)
    j'ai dégusté des blancs et rosés montés et emprisonnés à + de 1500Co² ça le fait aussi... mais de temps en temps ;).

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  7. Deux solutions
    soit une partie de ces néo consommateurs vont bifurquer vers le vins
    soit ils vont devenir des pro du coca
    ils vont reconnaître le millésime, le terroir les accords mets coca etc...
    ont va même créer des écoles de sommeleries de cocaleries devaris je dire...

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  8. Vincent, je « resuce » un billet que la censure automatique a zappé.
    Il y a quelques jours, sur les bords de l’étang de La Franqui, le Buzz servait du rosé-fraise (sans coca) : un rosé bien frais, des fraises écrasées (un coulis, quoi), deux demi-fraises, un alcool de fruit assez sec. Je n’ai pas goûté (foie en morceaux) mais il paraît que c’était OK.
    Le même proposait du wodka-tagada ! Là, je suis déjà plus dubitatif.
    Heureusement, il y avait aussi un Pineau des Charentes, excellent (j’y ai trempé mes lèvres).
    A table, un Minervois de bonne facture et de grande réputation (tout est relatif).
    Plus loin, sur une table de quatre, une bouteille au nom bizarre, un petit Corbières je crois : Ombre et Bastidesarrasin ou quelque chose d’approchant. Tu connais ?
    Enfin, et cela va te faire plaisir, le vin d’honneur servi à Castillon (Hainaut, Belgique) faisait allusion à un adieu qu’on ne savait où mettre. On m’a dit de te faire le bonjour (Gérald Servais).

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    1. "Un adieu qu’on ne savait où mettre", là, je cale sur la dernière phrase…

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  9. Je crois que la question principale si on veut parler de marketing du vin, c'est plutot est ce que le produit a une chance de se vendre sur le marche... Ma reponse, compte tenue de mes diverses experiences dans le domaine est categoriquement NON. Pour les amoureux du vin c'est effectivement une heresie. La cible est bien differente. Les jeunes sont la cible, mais c'est un mauvais choix car les jeunes, pour parler de facon generale souhaite decouvrir le vin au travers de produits venus de la terre, non pas d'un laboratoire. L'article explique que l'entreprise a voulu utiliser des saveurs connus depuis l'enfance. Le vin est un produit connu des enfants, des adolescents de par la consommation des parents. N'avez vous jamais bu du vin coupe avec un peu d'eau, lors d'un bon repas en famille ? Je travaille depuis des annees maintenant en Nouvelle Zelande, et je peux vous dire que le marketing lie au vin est ici bien plus developpe qu'en France ou nous essayons encore de creer des produits, plutot que de valoriser ceux qui sont excellents mais mal connus, certainement a cause d'une politique marketing inexistante. Marc Beaumont

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  10. En Belgique, cet horrible breuvage (on m'en a servi à l'apéro avant un barbecue ...) a un autre marketing d'introduction. Il est raconté une histoire d'une nouvelle entreprise créée par un jeune sans le sou qui rachète des vins bon marché invendus et les aromatise pour les vendre, bref, pour les jeunes un peu "in", un modèle de génie ! En fait, il est plutôt certain que cette nouvelle boisson a été fabriquée pour aider les jeunes ados à faire la transition entre leurs sodas et le vin. On se plaint de l'alcoolisme de plus en plus jeune, mais on fait tout pour déculpabiliser les parents de servir à leurs enfants de l'alcool.

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