Si c'est carré, c'est pas rond…


Dans le vin, le Nombre d'Or est formel, c'est la rondeur qui est à la mode. Là, en fait, je ne parle pas de boire un coup, même s'il est vrai que dans ce domaine également la tendance est plus au gouleyant-glissant-coulant qu'aux angles vifs. Non, c'est de technique dont il est question, de vinification. Si tu es vigneron et que tu veuilles avoir ta photo dans le journal, l'idéal depuis quelque temps, mieux encore que les galbes d'un muid, c'est de poser entouré d'œufs de béton fessus, voire d'amphores de terre cuite ventrues. Je vous en ai d'ailleurs dit quelques mots ici.
Mais voila que tombe dans ma boîte à lettres quelque chose qui, en cette ère de la rondeur communicative, fait figure de pavé dans la mare. Un gros pavé d'ailleurs, de deux-cent-quatre-vingt-onze à neuf-cent-quatre-vingts litres. Une "barrique carrée" qui nous arrive tout droit du pays de Don Quichote, d'Argamasilla de Alba, un de ces villages plats comme la main où, grâce à l'insipide (ou présumé tel) cépage airén, on distillait un abondant coñac (avec tilde).


Cette étonnante "barrique carrée" est fabriquée par RocCuve, une entreprise locale qui bien évidemment n'y voit que des avantages. Et il est vrai que sur le papier, on voit mal comment les contredire: fabrication normalisée, coût réduit, gain de place, superficie de liquide en contact avec le bois augmentée d’environ 20% (sic), gerbage simplifié… Reste l'essentiel, l'impact du contenant sur le contenu. 
Reste que cette nouveauté espagnole n'en est en fait pas exactement une. Une des publications du caviste helvétique Jacques Perrin nous apprend que cette trouvaille est à mettre au crédit d'un Suisse, Cyrille Savioz, récompensé pour cela en 1997 au Salon des Inventeurs de Genève. Depuis, une entreprise, baptisée Cybox,  qui produit plusieurs centaines de ces "barriques carrées" par an.



Commentaires

  1. Faudrait demander à un ingénieur, je ne suis qu’un littéraire qui a par hasard fait des études scientifiques et se réclame entièrement de l’observation expérimentale. Mais toutes les fantaisies concernant l’influence du contenant – je veux dire sa forme – sur l’évolution d’une fermentation ou de l’élevage d’un liquide ayant fermenté me paraissent de la foutaise intégrale, surtout s’il n’y a pas de creux. Je veux bien admettre que les mouvements d’un liquide en pleine fermentation (dégagement gazeux et calorique) puissent être différents dans un oeuf que dans un cube, mais de là à en admettre toutes les « influences » ... Par contre, quand un vin remplit totalement 10 ou 20 ou 100 hl de n’importe quel récipient hermétiquement clos et peu/non poreux, il faut être un mystique pour croire à une quelconque différence. On a le droit d’être un mystique, mais les autres ont le droit de dénoncer l’ineptie des fadaises qu’on essaie de nous vendre. Ah oui, j’oubliais : les rayons cosmiques ....
    Question : pourquoi faut-il tant de mensonges pour vendre du vin, surtout s’il est bon ?
    Notez qu’on vendait des indulgences ecclésiastiques et des ex voto aussi.

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