Des jeunes d'aujourd'hui.


C'est un de ces petits endroits de rien qui font le Languedoc. Une route tordue qui s'enfuit des vignes et des châteaux pinardiers de Marseillan, et, tout au bout, après un ultime virage, derrière des baraques de travail, l'étang. Saint-Barth', c'est un mas ostréicole, noyé dans la méditerranéité de Thau, avec vue imprenable sur le Mont Saint-Clair. Comme au musée de Sète, on a ici l'art modeste, un coup de bleu Klein sur un mur de parpaings, quelques guirlandes de coquillages…


J'ai mangé là, sur des tables dépareillées, les meilleures huîtres que j'ai goûtées dans le coin. La famille Tarbouriech (dont le nom trahit une opiniâtre antériorité montagnole) à trouvé le truc: une histoire d'intelligence et d'observation de la Nature. Car ce qui manque souvent aux creuses de la Méditerranée, c'est, sans être grasses, d'être justement creuses. Et bien remplies. À cause principalement de l'absence de marées océaniques, qui forcent l'huître à se muscler. Les Tarbouriech ont mis en œuvre un système "artificiel mais naturel", basé sur l'utilisation de l'énergie solaire, qui permet (en les obligeant à sortir et rentrer dans l'eau de Thau) à leurs coquillages de faire du bodybuilding. Autant le mot est vilain, autant le résultat est divin.


Saint-Barth', vous vous en doutez, c'est aussi une histoire d'amour du travail, de jeunes qui ne comptent pas les heures, qui n'ont pas honte d'avoir envie de réussir. Vous savez, ces fameux "jeunes d'aujourd'hui" avec lesquels on n'est pas toujours tendre. Florie et Romain Tarbouriech, la sœur et le frère. La semaine, ils travaillent à l'entreprise familiale, Florie au marketing, Romain à la production. Je ne sais pas si vous connaissez le métier d'ostréiculteur, mais pardonnez-moi, c'est un "vrai" métier… Et la semaine finie, aux beaux jours, Florie fait le service à Saint-Barth' tandis que Romain tient la plantxa.


Ne vous y précipitez pas, actuellement, Saint-Barth' est en congés. En revanche, pour les fêtes, évidemment les huîtres à emporter sont au rendez-vous. Nous avons juste eu la chance d'y déjeuner dans la belle lumière de décembre pour l'anniversaire de notre copain caviste de Béziers, Philippe Catusse, le bougnat généreux du Chameau ivre*. Mais pensez-y aux beaux jours.


* Ah, son aramon que j'adore sur la brasucade de moules!…


Commentaires

  1. Encore un très beau post.
    Pour l'ostréiculture,je confirme. C'est un très dur métier

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés