Foie gras: le deepthroat, Soleil vert et les faux-culs.
Je ne vais pas vous refaire le coup du Who killed Bambi, mais ce sont le calendrier et l'actualité qui m'y poussent. Le calendrier avec l'approche des réveillons et de leurs bombances préméditées, la promesse de repas riches où le foie gras tient une place de choix. L'actualité avec cet évènement (que j'évoquais dans un coin de page de mon billet de vendredi), cette manifestation à Paris pour dénoncer la souffrance engendrée par le gavage des palmipèdes gras.
Pour le coup, afin de répondre aux imbécilités qu'on voit proférées ici et là, notamment sur les réseaux sociaux, je ne peux que répéter ce que j'écrivais ici en réponse à une Espagnole baptisée Sharon et qui réclamait l'interdiction du foie gras outre-Pyrénées, confondant allégrement agriculture industrielle et travail artisanal: "Vos assertions semblent montrer une totale méconnaissance de la
physiologie du canard ou de l'oie; ces deux volatiles ne possèdent pas
de glotte mais disposent d'un jabot qui a une fonction de stockage de la
nourriture; le tuyau de l'embuc, comme on dit dans le patois de
chez moi, cet entonnoir qu'on introduit dans le jabot ne blesse pas
l'animal, d'une façon imagée, on pourrait dire que son bec sont nos
lèvres et son jabot, notre bouche. L'image va peut-être vous retourner
le cœur (et vous donnera par là même l'occasion de vociférer contre les
viandards qui sont aussi des machos pervers…), mais ce n'est en aucun
cas un deepthroat qu'on impose aux palmipèdes!"
Mais le pire, ce qui me fait évoquer de nouveau ce sujet, c'est que sous couvert d'angélisme de Disneyland, les amis et alliés implicites de l'internationalisation (tendance américaine) de la malbouffe réussissent à faire naître, par leur nouveau besoin, de somptueux "produits de substitution". Du foie gras sans foie, sans oies ni canards, sans gavage, sans maïs, sans fermes, sans paysans, que du bonheur! Le paradis sur terre! L'étape suivante de ce bonheur parfait, moléculaire, je ne le vois que dans Soleil vert…
La merveille en question s'appelle le Faux Gras®. À certains d'entre vous, cela rappellera sûrement cette fausse truffe à laquelle le Guide des Pneus vient d'accorder trois macarons en Espagne. Là, il ne s'agit pas de pseudo-gastronomie, mais juste de merde en boîte, "100% végétale", vendue sous couvert de bons sentiments, dans les très bienveillants Cora, Carrefour, Lidl, etc. "Merde", c'est violent, me direz-vous! "Comment pouvez-vous dire du mal de quelque chose que vous n'avez pas goûté", ajouteront certains? Eh bien, écoutez, remplacer un produit naturel comme le foie (en tout cas celui que je mange dans mon Sud-Ouest), dont la qualité du gras a même été louée par la Faculté (de Médecine) par un succédané à base d'huile de palme, oui, je trouve que c'est fort de café! Et que tout cela, ce Nutella salé, soit cautionné par les grands défenseurs de la Nature, par les Sauveurs patentés de la Terre, on franchit le Mur du Çon (comme dirait un autre Canard)!
D'une façon plus générale, il faut bien que ça sorte, je n'en peux plus de cet enfer pavé de bonnes intentions: la bien-pensance, la repentance, la bonne conscience. J'en ai marre de ces gens qui veulent être d'accord avec tout le Monde, quitte à s'asseoir sur leur patrimoine, sur leur culture, sur leurs valeurs. J'en ai ras-le-bol d'entendre raconter que c'est "normal" qu'on prive nos gamins de cochon dans les cantines scolaires ou de la visite du Père Noël (quand bien même cette bonne vieille icône païenne serait habillée de rouge par Coca-Cola). J'en ai soupé de cet univers de Monsieur(s) Moins, encore plus pénible que celui des Monsieur(s)s Plus. Marre du sucre sans sucre, des vins sans alcool, des bars à vins sans vin (je vous en parlerai bientôt), des gâteaux sans farine, des sexes sans poils. À force, tout ça sent la vie sans vie. Et, ça me gave.
Bon sang, j'étais pas au courant de cette histoire de Faux Gras (non mais en plus, ce nom... ça donne franchement pas envie). Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est qu'on supprime un produit de sa consommation - après, ça, ce n'est pas dérangeant, chacun fait ce qu'il veut - pour se faire des tartines avec un substitut pourri à l'huile de palme et à la levure. Autant se faire du hoummos à la place et arrêter de rêver d'"un foie gras sans canard gavé au bon goût de foie gras de canard gavé", ça n'arrivera jamais. Je viens de voir sur leur site qu'ils proposent une recette de leur faux gras en sandwich dans un pain brioché, du sirop de Liège et de la banane, en fait, ce n'est même une question de goût de foie gras alors mais juste une histoire de texture "comme du foie gras"? Je suis perplexe.
RépondreSupprimerEh bien si vous n'avez jamais goûté, surtout, épargnez-vous le mal, c'est toujours ça de gagné. Je ne pourrais être plus précis dans la description de la sensation immonde en bouche, que l'auteur (talentueux) du blog ci-dessus... Bonnes fêtes !
SupprimerJe vous crois sur parole…
SupprimerJoyeuses fêtes! En mangeant du vrai foie gras, des Landes, du Tarn ou du Gers, provenant d'une petite ferme en tout cas, pas d'une usine.