Plus d'encore au dévers.


Le football, ça m'est aussi étranger que la dentelle de Calais. Et encore, la dentelle, noire, ça fait d'aimables soutien-gorges dont je parle la langue. Pourtant, ce soir, j'imagine le supporter du Barça auquel on annonce que Messi vient de signer au Real. 
Pour revenir à des contrées plus amicales, je me mets dans la peau de l'amateur gastronomie qui apprend que Passard a élaboré la recette du nouveau McDo (vous me direz qu'en Espagne*…). Que Michel Tolmer vient de dessiner l'affiche de la prochaine foire-aux-vins-foireux de Leclerc dont le catalogue sera d'ailleurs rédigé par Le rouge & le blanc. Ou, à Saint-&-Millions, que François des Ligneris a vendu L'envers du décor à un de ceux dont il moquait jadis l'amour de la vis Parker


– Allo? Quoi? Pardon? Vous pouvez répéter? Une voix anonyme, dans le combiné me dit que c'est vrai. Que ce n'est pas un mauvais rêve. Non, pas Messi au Real, Passard à McDo ou Tolmer et Le rouge & le blanc chez Leclerc, juste la dernière proposition. D'après cette même voix dont bizarrement le deepthroat ne me fais pas rêver, les murs de la célèbre auberge de la rue du Clocher auraient bel et bien été achetés par Gérard Perse (rien à voir avec Saint-John), actuel propriétaire de Château Pavie, récent Premier Grand Cru Classé A, ancien tenancier d'hypermarchés Carrefour. Également taulier de la toute proche Hostellerie de Plaisance, il aurait, selon le journaliste bordelais Yohan Castaing, l'intention d'en faire à terme l'annexe de cette table qui doit sûrement figurer au Guide des Pneus


C'est donc désormais la coutume, les saint-&-millionnaires se transmutent en aubergistes, comme l'a également fait Hubert de Bouärd (ce "cousin Hub'" que François des Ligneris aimait tant railler) avec le Logis de la Cadène dont la terrasse et la nourriture familiale restera à jamais un souvenir. J'avoue quand même que pour L'envers du décor, j'accuse un peu le coup. Cet endroit-là était  comme une poche de résistance, où l'on se moquait des puissants, où le seigneur des lieux, drapé de ses quartiers de noblesse "voulus par Dieu", partait, tel un chevalier blanc, en croisade contre les manants et les reîtres qui menaçaient le pinard. 


Alors bien sûr, on avait eu des alertes, quelques histoires, en Corbières, en Entre-deux-Mers, s'étaient terminées en eau-de-boudin, de méchantes rumeurs nous étaient venues aux oreilles, des paroles qu'on espère déformées. Il y avait eu aussi ces histoires autour du départ de Milou, celui qui avait "fait" L'envers du décor. Récemment encore, on m'avait déconseillé d'aller y manger.
Oui, je sais, je vous embête avec mes histoires personnelles, que voulez-vous, un blog, ça sert aussi à ça. Mais je vous promets que ce soir, j'ai un peu de peine. J'ai essayé de joindre François, pas de nouvelles. J'espère que tout va bien, qu'il n'a pas de problèmes, en tout cas rien d'insurmontable.
J'ai un peu de peine, j'espère même que la voix anonyme au bout du fil m'a menti elle aussi, qu'elle se trompe en tout cas, que ce n'est qu'une vilaine rumeur de celles que le vin distille quand il se mélange trop à l'argent, quand L'envers du décor devient l'envers du discours.
J'espère, parce que vraiment, je me sentirais très proche du supporter du Barça dans de pareilles circonstances. Au point que je me demande si je n'irais pas aller sur les ramblas m'acheter un maillot de Messi. Franchement, je me sentirais cocu.




* Lire ici.




Commentaires

  1. Vincent,

    J'ai mangé deux fois à cette adresse.
    J'ai été fort déçu, deux fois, par une cuisine très approximative.

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  2. Réponses
    1. Voilà, donc dans cette période récente évoquée dans la chronique.

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  3. Je me suis en revanche régalé au Pic St-Loup ce midi (sur Toulouse).

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    1. Il faut essayer celui du Pic-Saint-Loup…
      https://ideesliquidesetsolides.blogspot.com.es/2016/09/quand-jeunesse-sait.html

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    2. "Sur" Toulouse, carrément...
      Même pas "à" Toulouse, non non, "sur" Toulouse, "dessus" quoi, hein?

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    3. J'ai imaginé un repas en altitude. Aéronautique...

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  4. J'ai aussi appris cette triste nouvelle récemment. Sans rien avoir contre le nouveau propriétaire je trouve triste que ce village-gaulois dans le village soit bientôt transformée en brasserie-bobo pour touristes friqués. Pour le Logis de la Cadene par contre l'ami Norbert n'a rien a y voir, c'est sa fille qui l'a racheté et qui le dirige. Et il se murmure par ici que le norbert n'est pas en odeur de sainteté auprès de celle qui lui a racheté ses parts dans chateau Alléluia (on notera le sens aigu de la famille qu'a l'ami Norbert en monnayant son castel à sa propre descendance, mais les mauvaises langues du saint-émilionnais disent que sa maîtresse, devenue depuis sa femme de seconde main, est d'un entretien fort onéreux)

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    1. Berty, Berty, on se croirait dans 'Ici Paris' ! Ou en tout cas 'Ici Saint-&-Millions'…
      Je vous laisse en tout cas la totale paternité de ces croustillants cancans.

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