Dépenser moins pour boire plus.


Le week-end a été long (et beau). Rencontres, retrouvailles, célébrations, accolades, baisers, fraternité, toasts, bombance, canons*… excès diront les pisse-froids, mais comme souvent, sélection naturelle oblige, on n'en avait pas sous la main. Et puis, le lundi à midi, on se fait le petit dernier "pour la route". Un joli petit lièvre, tué en Tarn-et-Garonne, découpé sur le marbre espagnol, rôti à la façon d'un saupiquet du Sud-Ouest, escorté de quelques cèpes, un trésor (merci Petràs!), ils sont rares ici cette année.


Et évidemment, alors que la sauce, formidablement dopée par de la pâte de lard et du bouillon de cochon noir du "champion du Monde"**, commence à parfumer la cuisine, on se dit qu'on ne va pas se quitter sans en avoir débouché une ou deux. Le vinaigre, ça ne se mange pas avec de l'eau, fut-elle  minérale. Autant finir sur une bonne note, parce qu'il n'y avait pas beaucoup de déchets ces derniers jours. Et puis le lièvre quand même, surtout quand il est servi tel quel, sans trucages ni édulcorants…


Alors, on va au rebost***, on tend la main dans un casier. Et en sortent deux bouteilles. La première arrive de Loire, c'est un chinon de Cravant-les-Coteaux, un 2009 qu'on a oublié quelques années en cave (comme le font tous les buveurs éduqués). Par chance (le vigneron a vendu), il nous en reste encore un peu, dont la cuvée du dessus, qu'on gardera encore cinq ou dix ans. Philippe Pichard, vigneron et vinificateur sérieux nous a fourni pas mal de bonheur, ce que confirme cette cuvée soyeuse, riche et équilibrée, idéale sur le lièvre. Qui pourrait croire que nous avons payé ça bien moins de dix euros? Dans les sept-huit si ma mémoire ne flanche pas, en bio qui plus est.


Quand le vin est bon, contrairement à ce que disent les cons (qui sont souvent les cousins des pisse-froids du début), on en boit plus. Donc, la seconde bouteille est la bienvenue. Là encore, c'est lundi au soleil. Un millésime époustouflant, charnu, plein. C'est le braucol 2011 des Plageoles (on a joué la sécurité). Il suit impeccablement derrière le chinon, régale la tablée. 
Là encore, parlons d'argent. Neuf euros toutes taxes comprises à Cahuzac-sur-Vère. Que demander de plus?


On ne va pas épiloguer des heures. Le vin, on l'aime, et il arrive qu'on dépense beaucoup (trop?) pour lui. Surtout avec l'inflation qui s'est emparée du secteur depuis vingt ans. Pourtant, loin des marques de spéculateurs, ce genre de (précieuses) bouteilles le prouve (et il existe plein d'autres dans le vignoble!), on peut boire riche sans l'être. 



* D'autant qu'on a fait le premier repas, en chantier mais in situ,  du Secret (dont je vous laisse le menu ci-dessous).
** Patrick Duler, au Domaine de Saint-Géry, à Lascabanes dans le Lot. Tout le monde connaît son fameux jambon, mais il possède tout une gamme de produits plus "discrets", tel que cette pâte de lard clarifiée, et ce bouillon concentré de porc noir. Ou encore ses vieilles ventrèches et ses vieux lards qui mettent parterre la majeure partie des colonnatas.
*** Le rebost est une sorte de garde-manger sombre, de réserve, de souillarde, assez courants dans les maisons et les appartements catalans où l'on conserve aliments et boissons.


Commentaires

  1. Mon dieu ça a l'air coquin ce bouillon de porc noir concentré ! Merci du tuyau. Et du bonheur de lire vos posts. Tchin !

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