Délicieux, l'arôme goudronné de votre chablis !
Mais pourquoi le vin est-il toujours considéré en France comme la dernière roue du carrosse? Qu'il s'agisse des politiciens ou des fonctionnaires, on a souvent l'impression qu'on ne leur a jamais appris ne serait-ce que l'impact économique de la viticulture. Faut répéter une fois encore qu'on parle du deuxième poste d'exportation de l'Hexagone, derrière l'aéronautique et devant les parfums, avec à la clef plus de cinq cent cinquante mille emploi directs et induits et une prestigieuse empreinte sur le territoire?
Cette fois-ci, c'est de Bourgogne que vient la colère. Avec la bénédiction de l'Institut National des Appellations d'Origine, la société Autoroutes Paris Rhin Rhône (APRR) a effectué une demande d’autorisation d’exploiter un poste mobile d’enrobage (en clair une usine à goudron), sur la commune de Saint-Cyr-les-Colons, en bordure immédiate de l’autoroute A6, à proximité de l’aire de repos du Buisson rond. C'est-à-dire au beau milieu des vignobles de Chablis et d'Irancy.
La décision finale d’autoriser ou pas ce projet revient au préfet de l’Yonne, qui se prononcera dans les prochaines semaines, après le passage du dossier devant le Conseil départemental de l’Environnement, des risques sanitaires et technologiques. On murmure que ce fonctionnaire n'y verrait pas d'inconvénients!
Du côté des vignerons en revanche on se mobilise à l'image d'Alice et Olivier de Moor qui ont tiré la sonnette d'alarme et m'ont demandé de diffuser cet consternante information. Ils soulignent que "ce projet a une dimension très importante car il touche aussi bien l’air, que le sol et le sous-sol, les plantations et les hommes".
La vigne est donc particulièrement concernée, en premier lieu par les rejets atmosphériques dont mesure mal aujourd'hui, fautes d'études, l'impact sur le raisin "mais on peut très sérieusement penser qu’il n’est pas neutre" estime Dorine Desalme chercheur à l'INRA et à l'Université de Lorraine. "Les hydrocarbures aromatiques polycyliques (les HAP qui composent l'enrobé) sont, explique-t-elle, des molécules constituées de cycles aromatiques émises par la combustion de matière organique. L'agence de protection de l’environnement américaine) qui fait référence en la matière, recommande de suivre 16 HAP prioritairement, car ce sont les plus étudiés et ceux qui soulèvent des problèmes environnementaux majeurs du fait de leur toxicité. Les effets toxicologiques et écotoxicologiques de tous les HAP sont mal connus, mais les données expérimentales acquises indiquent un fort potentiel toxique, mutagène, cancérigène et reprotoxique".
Dorine Desalme a fait une étude sur le transfert et l’impact des HAP sur
des végétaux, et, pour elle, il est clair que les feuilles et les tiges les absorbent. Cette accumulation de polluants dans les feuilles est
d’ailleurs utilisée pour mesurer le degré de pollution d’un lieu donné,
c’est ce qu’on appelle la biosurveillance végétale. Le risque de dépôts
atmosphériques de ces molécules sur les vignes est donc fort élevé. On entrevoit ainsi les dégâts que ce projet peut causer au vignobles voisins en terme
de production mais aussi de qualité. Et cela ne se limite pas à la
période de floraison uniquement, mais bien pendant tout le cycle annuel
de la vigne.
Bref, il faut se mobiliser, se rapprocher des vignerons de Chablis qui n'ont pas besoin que de nouvelles calamités, humaines cette fois, leur tombent dessus. Préparons le goudron et les plumes!
En plus, l'INAO est pour. On rêve.
RépondreSupprimerMoui enfin bon, les autoroutes, c'est comme le "pousse-caddie", si on veut vraiment lutter, on commence par ne plus y aller...
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