Couvrez ce sein.


Le burkini, son interdiction, c'est un des débats politico-médiatiques de l'été. Le Monde l'évoquait encore récemment avec la décision d'un juge du Tribunal administratif de Nice de valider l'interdiction de cet accoutrement sur les plages de la ville. Le magistrat a visiblement accrédité l'idée qu'il ne s'agissait pas là de brimer la religion mais de réfréner ses tendances les plus véhémentes, et agressives vis-à-vis de notre culture, d'une certaine idée que nous nous faisons du "vivre-ensemble" laïc et républicain. 
Qu'on le veuille ou non, et heureusement, le burkini, cette singerie salafiste (dont il faudrait rire, se moquer, si la montée du nazislamisme n'était pas aussi préoccupante dans le monde musulman) demeure une rareté. En creux, j'ai pourtant été étonné ces derniers temps en fréquentant quelques plages françaises, méditerranéennes ou atlantiques, populaires ou branchées, de ce que je ne peux m'empêcher de voir comme une régression: la raréfaction du monokini.


Ce que j'écris ici n'a pas valeur de statistiques, mais réellement, j'ai été frappé par l'absence de seins nus sur ces quelques plages si différentes. Ne ricanez pas, si mon impression se confirme, cela n'a rien d'anodin. J'aurais tendance à la rapprocher des nombreuses réflexions que j'entends ici et là, de femmes françaises, de copines aussi qui m'expliquent que désormais, en région parisienne notamment, elles étudient leur tenue, rallongent les jupes, ferment un bouton du décolleté. Qui arrivant en Espagne, pays qui a connu un catholicisme violent, répressif, castrateur, s'émerveillent devant les corps qui désormais exultent. En un mot comme en cent, craignent la réaction du mâle, ou de celui qui croit en être un. Ces témoignages accumulés me dérangent, d'autant plus quand ils me parviennent de mon pays natal aux prises avec de nouveaux moralismes.
Inconsciemment (ou pas), comment ne pas rapprocher ça de récentes démonstrations vues autour des plages marocaines, où des extrémistes musulmans demandent aux femmes de se rhabiller, afin de "respecter" telle ou telle de leurs croyances, la période du Ramadan, autant de trucs, parfois médiévaux, que je veux bien respecter ici, éventuellement, à condition qu'ils restent à leur place?


Ne voyez aucun prosélytisme dans mon propos, chacun vit son corps comme il l'entend. Moi-même, il m'arrive de préférer cette part de mystère, jusqu'au moment où le tissu glisse sur une peau inconnue. C'est de liberté dont il est question. Cette liberté, les générations qui nous ont précédés l'ont acquise de haute lutte, elle constitue une part, précieuse, de notre héritage. Respectons-le, défendons-le. Même si la pitoyable censure puritaine, hypocrite, américaine nous frappe encore avec ridicule mais de façon bénigne sur les réseaux sociaux, il est révolu le temps où la religion, quelle qu'elle soit, venait foutre son nez dans nos affaires privées. Ce serait un comble qu'au nom de croyances d'importation récente nous revenions en arrière, que nous ayons à subir les immenses frustrations qu'elles génèrent, que l'homme ne soit plus considéré que comme un primate à l'image des élucubrations de cet imam brestois, de ce zouave enturbanné, de ce macaque qu'on aurait du enchrister bien plus tôt.
Allez, pas de panique, espérons que pour une fois Houellebecq, celui que le pauvre Bernard Maris voyait comme l'ultime visionnaire, se trompe. Espérons qu'il ne s'agisse que d'un concours de circonstances, que face au soleil brûlant de cet été 2016, les milliers de femmes que j'aie croisées à la page aient préféré suivre les conseils de prudence de leur médecins. Espérons.
Car l'idée même qu'une femme, dans un pays civilisé, puisse avoir peur de se déshabiller, puisse être implicitement contrainte de voiler son corps, au nom d'une prétendue "pudeur", me révulse.


Commentaires

  1. J'ai fait la même observation en traversant cet été un bout de plage textile pour aller prendre ma place habituelle chez les nudistes.

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