Qui va gagner, la Nature ou El Bulli ?


Vous avez peut-être entendu parler de ce scandale discret qui agace pas mal de Catalans. Non pas celui de Monsieur 3%, Jordi Pujol, la statue vivante du nationalisme déboulonnée après que l'on a découvert qu'il n'était qu'un médiocre julot casse-croûte, celui de la future "fondation El Bulli". Pour ceux qui ont raté les épisodes précédents, Ferran Adrià a décidé pour installer confortablement ce "lieu de savoir"* d'agrandir son ancien restaurant de la cala Montjoi. Concrètement les bâtiments doivent s'étendre sur 5400 mètres carré, le projet affectant au total 20000 mètres carré. Le seul léger problème, c'est que le site est ultra protégé, il se trouve dans un des joyaux de la région, le Parc naturel du Cap de Creus où toute construction est strictement prohibée. Ni une ni deux, le cuisinier-phare de la dream-team Nestlé-Monsanto-Givaudan** a monté une tambouille avec les nationalistes au pouvoir pour se faire mitonner une loi sur-mesure lui permettant, avec l'aide de deniers publics, de bétonner l'endroit.


Colère, immense colère de beaucoup d'habitants du nord de la Catalogne et des écologistes locaux qui vivent ce projet comme une profanation. Et mise en place d'une pétition en ligne, les médias régionaux restant plutôt taiseux sur l'affaire. Eh bien, cette pétition a tranquillement fait son chemin puisqu'au moment où je vous écrit, elle a recueilli 78098 signatures. Comme vous pouvez vous en douter, elle réclame la suppression du passe-droit dont bénéficie El Bulli Foundation, pour sauver le Parc naturel du Cap de Creus. La présidente du parlament de Catalogne, Núria de Gispert, vient officiellement d'en prendre acte. Si vous êtes un tant soit peu amoureux de la Nature, vous savez ce qu'il vous reste à faire…




* Qui sera également un restaurant pour happy fews et entreprises.
** Récemment greenwashé, toutefois, et reconverti en apôtre du terroir…


Addenda (18 novembre 2014): depuis cette chronique, la situation a un peu évolué, avec une manifestation plus médiatique que pléthorique des partisans d'El Bulli Foundation, en tête desquels les frères Roca (photo ci-dessous © La Vanguardia). Puis un important incendie qui a détruit une centaine d'hectares non loin du site de l'éventuel chantier. À cela s'ajoute désormais un article de JP Géné dans Le Monde, interpellé lui aussi par la "loi sur-mesure" dont bénéficie Adrià en Catalogne.




Commentaires

  1. Et pourquoi pas un héliport, quelques centaines d'anneaux pour accueillir les yachts des oligarques et une route agrandie pour laisser passer les limousines ?

    RépondreSupprimer
  2. En période de crise, tout fait "ventre", c'est le cas de le dire. Lamentable.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés