Bobo, oui, comme Bonay.
Je vous promets, on ne va pas réouvrir le fastidieux débat sur AirBnB et l'ubérisation du monde occidental (ou de ce qu'il en reste…). Pourtant quitte à me répéter, quand on n'est ni rentier, ni golden boy, ni même homme politique français, donc qu'on a des moyens financiers ordinaires, l'hôtel, c'est le plus souvent moche. Non pas que les chambre d'hôtes* et autres logements alternatifs soient tous des merveilles intégrales, mais il me semble quand même, que malgré l'Ikéaïsme rampant, on arrive à y échapper plus facilement, et sans se ruiner, à la laideur conventionnelle, standardisée.
Je suis un sale bobo, et ce que j'écris n'est pas nécessairement très agréable pour pas mal de petits commerçants qui, "comme toute le monde", sont allés se meubler "là où il faut aller" et ont très normalement fait de leurs établissements des sous-Novotel, ou des sous-Ibis, tristes comme des maisons de retraite de régions défavorisées. On ne leur demande pas d'ailleurs de faire dans la déco, c'est même souvent ce qu'il y a de pire, l'envie, l'intention de déco: la croûte qui craint, l'œuvre d'art stéréotypée, le bouquet qu'on croirait volé dans un cimetière.
Je suis difficile, je sais, mais ce qui est chiant avec le beau, c'est qu'on s'y habitue**, et moi, comme beaucoup de bobos de mon genre, j'ai du mal à m'habituer aux piaules moches.
Heureusement, ici et là, plutôt dans des métropoles, apparaissent des hôtels qui échappent à la misère visuelle consubstantielle de cette activité. Barcelone, avec sa croissance touristique annuelle à deux chiffres, n'échappe pas à la règle. Ouvrent des endroits*** qui dénovotellisent le genre, à l'image de l'élégante Casa Bonay.
Cette demeure néo-classique du XIXe siècle à la façade chargée de symbolisme se trouve sur la Gran Via, très légèrement excentrée (à moins de cinq euros de taxi du centre-ville!), près de la place de Tetuán, souvenir du passé colonial espagnol, et même catalan. Elle fut construite en 1869 par le célèbre architecte Francisco Battle y Felip pour la famille Bonay, de riches importateurs de bois exotiques. Une descendante de la famille se mariera d'ailleurs au début du XXe siècle avec un des plus proches collaborateurs de Gaudi qui travaillait alors sur la Sagrada Familia toute proche.
La Casa Bonay comporte soixante-sept chambres de catégorie quatre étoiles. Des chambres sobres, modernes, où l'on a su en revanche préserver quelques beaux éléments architecturaux, à l'image des carreaux de ciment anciens qui signent les belles demeures XIXe de la ville, mélangés avec du mobilier contemporain.
La surprise vient du prix puisque les tarifs commencent à un peu moins de quatre-vingt-dix euros, ce qui pour le standing du lieu, et Barcelone n'est pas cher du tout.
Parce qu'au-delà des chambres, la Casa Bonay (et c'est ce que j'ai adoré), c'est un vrai lieu de vie, avec des boutiques et un grand bar/lobby où, selon les heures, on vient lire, travailler (Mac recommandé, c'est l'étiquette…), discuter, boire un cocktail, traîner.
Bon, le restaurant, je n'y ai pas fait un repas inoubliable, un truc vietnamien marrant sans plus, mais mention spéciale pour le bar et surtout la cafétéria, un vieille connaissance dont je vous ai parlé ici, le Satan's installé au centre, dans le Gótico et qui a donc une succursale à Casa Bonay. Voilà donc enfin un hôtel où l'on peut prendre un petit déjeuner correct! Entre bobos…
* Je vous avais d'ailleurs laissé une bonne adresse, à Londres, pur Airbnb.
** Parce qu'il faut quand même reconnaître que dans l'univers de la restauration, finie la déco de mémère, on a fait de gros efforts. Même si parfois, comme ici, ça ne remplit pas l'assiette.
*** Il y a aussi dans le genre l'Hostal Grau, un peu plus central.
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