Marchands de vin ou vendeurs de vent?


Le Mondovino est devenu bizarre, on va dire "conceptuel". Ça parle énormément, Ça disserte à tout va, ça pontifie, mais voilà peut-être un des univers les moins professionnels qu'il soit. On se prend parfois à envier les marchands de bagnoles et les vendeurs de fringues, c'est dire…
Non pas que "c'était mieux avant", de tout temps, on y a triché, menti, trafiqué, mais depuis quelques années, les gros chiffres lus dans les journaux, et la promesse (les promesses…) de l'argent facile aidant, de nouveaux professionnels de la profession sont tombés sur la pinarderie comme la vérole sur le bas-clergé. Mastères, marketinge, école de Commerce, mocassins à pampilles et pull-over sur les épaules, ils ont tous découvert le truc plus génial depuis l'invention du verre, des produits, des gadgets, des apps… Souvent, ces merveilleuses trouvailles durent aussi longtemps qu'un beaujolais primeur*, mais entre-temps le petit coup de fric aura plus ou moins fonctionné.


Tout à l'heure, par exemple, je reçois ce mail, faussement personnalisé**, d'un type que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam. Il veut qu'on cause pognon, avec en filigrane (il est bien barré…), l'idée de me faire les poches. Pardon, dans le jargon technocratique des nouveaux professionnels de la profession, il veut "lever des fonds". Par parenthèse, j'exècre ce terme qui me fait penser à lever des pigeons, sachant que je préfère largement d'autres gibiers à plume.
Son projet? Franchement, je dois vraiment être aussi con qu'on le dit, parce que je n'y ai absolument rien compris, si ce n'est qu'il voulait emballer des bouteilles de pif dans des espèces de cartons plutôt moches, style Plaisir d'offrir, joie de recevoir. Des Fingerbox, il dit. Moi, j'ai plutôt l'impression qu'il veut m'en mettre un, de doigt…


On ne va pas lui charger la mule à ce brave type, d'autant que c'est (en puissance) un sauveur de la planète et de notre pauvre petit corps. Il a décidé, au travers de sa boîte, Natural Wines Selections, de de mettre en avant les "grands vins sains" et "transformer des vignobles". Sans que d'ailleurs, on sache très bien où, avec qui, comment, quand, pourquoi.
Bon, allez, je vous laisse son adresse ici, il lui faut deux cents quarante six mille euros. "Avant le dix-huit novembre" précise-t-il. J'hésite…



* Comparaison un peu convenue, et éventuellement idiote; j'ai vu des primeurs tenir bien mieux la routes que les inventions marketinge, je pense notamment à un Damien Coquelet de cinq ans dont j'aurais bu des seaux.
** Aucun risque donc de le dévoiler ici, puisque nous sommes vraisemblablement des centaines (milliers?) à l'avoir reçu.


Commentaires

  1. Cela étant, 1 mois pour "lever" 250 patates, il y va fort le mec...

    RépondreSupprimer
  2. Et pendant ce temps, je lève des fonds pour ma cave perso ! ;-)

    RépondreSupprimer
  3. Merci pour les oeuvres de Chillida. Puissantes.

    RépondreSupprimer
  4. Ça donne du souffle avant de lire de telles conneries.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je crois surtout que les stupéfiants, il en faut beaucoup pour oser monter une telle opération.
      Certains appellent ça l'inspiration.

      Supprimer
  5. "Merci pour ce moment." dis-je, secoué par un rire incontrôlable.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés