Le McDo des snobs.


Il se passe un truc avec la viande, j'ai presque envie de dire une radicalisation. Qui comme souvent concerne bien davantage le blabla médiatique que la "vraie vie", les "vrais gens".
D'un côté, les anti, le hezbollah de l'animalisme, les djihadistes du veganisme. Bruyants, certes, mais c'est surtout le porte-voix évoqué plus haut, celui des rédactions urbaines, parisiennes notamment, qui gonfle leur influence et fait de ces grenouilles des baby-bœufs.
De l'autre, le viandisme branché. La bidoche de marque, pour ne pas dire d'auteur, celle (encore…) dont on parle dans les journaux. Des prix délirants, des discours plein de bouche, mais pas vraiment un gros travail sur les filières. Il est amusant de les voir pousser, en France par exemple, la version espagnole de la Blonde d'Aquitaine, cette race productive inventée récemment dans le Sud-Ouest et qu'une opportune erreur de traduction (en espagnol, la rubia est une blonde…) a rendue rousse, ce qui est quand même nettement plus excitant. Qui sait que ces machines à viande sont poussées à l'américaine dans des usines de la région de Burgos, là où l'on fabrique également du "wagyu", ou du "Kobé"? Là où y'a d'la gêne…


Preuve supplémentaire de ce snobisme viandard, il atteint des régions jusqu'à présent déshéritées en matière bidocharde. Dernier exemple en date, Barcelone où malgré une culture du produit et de sa cuisson proche que zéro (ambiance bistec d'un millimètre cuit un quart d'heure, "en semelle"), il n'y a pas plus chic que de faire semblant d'aimer une épaisse côte de bœuf bien saignante. Les étals des marchés s'en ressentent où l'on trouve désormais des pièces à plus de cent euros le kilos, et ouvrent des restaurants pour pijos (et pour guiris) où l'on joue au jeu de celui qui la vendra la plus vieille et la plus chère.


Jusqu'à ces dernières semaines triomphait El Nacional, une sorte de Flunch, ou de Disneyland de la bouffe chère. Voici venu son concurrent spécialisé dans la viande dite de Galice, Lomo alto, installé à quelques centaines de mètres du premier, sur la peu hospitalière carrer d'Aragon. La encore, on se la joue grande surface de la becquetance. En bas, un lieu "plus informel", tourné vers l'inévitable hamburger et le "tartare", et en haut, un restaurant pour Américains.
Dès l'entrée d'ailleurs, on se la joue un peu new-yorkaise avec en présentation des quartiers arrières arrières de différents bovins. Comme il se doit, la durée de vieillissement est mise en évidence. À défaut (comme dans un de mes chers bœufs de Chalosse par exemple) de connaître le nom de l'éleveur, la race de la bête, le style d'agriculture qui l'a engendrée, le mangeur de viande branché déguste des jours, des semaines et des mois. Peu lui importe d'ailleurs que toutes ces viandes finissent par avoir le même goût, ce qui compte, c'est d'être dans le coup.


Pour ce qui est de ce Gallaghers espagnol, quitte à vous décevoir et à passer pour un radin, je ne suis pas monté au premier. Deux-cent-vingt euros le kilo d'entrecôte industrielle, comment dire?… Surtout que la carte des vins (un machine à remonter le temps, on se croirait dans les 90's!) est du même tonneau (de chêne parfaitement neuf).


Très modestement, on a donc opté pour les hamburgers "galiciens" du rez-de-chaussée. Un double, et un "tartare". Le buuurgeeeeur, comme disent les trou-du-culs, pardon, les foodistes, était un modèle du genre: pain mollasson et violent assaut de sucraille en tout genre. Le goût de la viande (violemment) hachée disparaissait évidemment sous ce bruit de fond qu'on ne peut pas supporter à moins d'un litre de Caca-Cola par jour.
Mais le pire, franchement, c'était le "tartare". Une bouillie informe, quasi liquide, ultra assaisonnée et glissée dans un pain de hot-dog. Nous étions quelque part entre le Tampax usagé et le visage de Jean-Pierre Rives le vingt-deux mars 1983 après son choc avec Serge Blanco*. Je sais que le steak tartare est tout sauf une spécialité espagnole, qu'il y sont en général détestable (notamment par leur ignorance du couteau), mais là, c'était le pompon.
Ça m'apprendra d'aller au McDo des snobs…




* France-Pays de Galles, Tournoi des V Nations, dernier match commenté par Roger Couderc.




Commentaires

  1. Aux Chartrons, El Nacional est un restaurant argentin orchestré de main de maître par Hugo Naon. Viandes excellentes, vins délicieux, prix...normaux. "Pas d'amalgame" donc. http://www.elnacional.fr/

    Dimanche soir, le tartare de bœuf préparé avec attention à la brasserie Georges avait l'air très appétissant. Bon, personnellement, j'ai craqué pour la tête de veau. Je n'y résiste pas. La carte des vins, en revanche, mériterait qu'une âme bienveillante et avisée se penche sur son approvisionnement.

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  2. D'ailleurs, toute la gloire est revenue à Rives (qui s'était ouvert l'arcade et pissait donc le sang) mais c'est Blanco, avec son blaire pété, qui a réellement "jonglé" ce jour-là...

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  3. Peut-être que la vraie traduction de "bou"....c'est boue? :-)

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    1. Reconnaissons que ce n'est pas un des mots les plus charmants que l'on entende en catalan.

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    2. du tartare liquide, faut quand même le faire...

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    3. En fait, c'est très simple à réaliser: tu haches la viande à la machine, beaucoup trop, brutalement, puis tu balance une pagaille de ketchup, mayo sucrée, worcester, etc.

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    4. "Vincent. Vendeur de rêve."

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