Parker devrait plus souvent lire le Wine Advocate…


Quoi qu'on en dise, Parker, ce n'est plus ce que c'était. Dans les pays qui font la tendance, peu à peu, des voix discordantes se font entendre et ringardisent progressivement la pensée unique de l'ex-guide planétaire. Et pendant que son Mondovino se fissure, que de nouvelles têtes, de nouveaux styles et de nouveaux vins apparaissent, Uncle Bob, lui, multiplie les sorties médiatiques, un peu à la façon, les lecteurs hexagonaux comprendront, d'une Ségolène Royal en France.
Ce matin, c'est dans le magazine Terre de Vins qu'il livrait en exclusivité quelques avis définitifs, des "vérités" (sic) sur l'industrie viticole, affirmant notamment qu'il "est indiscutable que les vins de Bordeaux sont les meilleurs du monde." Si c'est indiscutable… Mais rassurez-vous, il spécifie quelques lignes plus bas qu'il il part en guerre contre la "croyance" qui veut qu'existe un "goût Parker." Mouais, ça aussi, ça doit être indiscutable… Comme doivent l'être ses circonvolutions autour de l'identité des repreneurs singapouriens de sa petite entreprise.


Dans le cadre de cette même tournée médiatique façon présidente de la Région Poitou-Charentes, Tonton Robert nous avait gratifié au début du mois de quelques autres "vérités", davantage axées, elles, sur la production, l'économie et la distribution de la filière. Une série de tweets, 10 en tout, comme les Commandements. Vous les trouverez rassemblés ici, chez Nicolas de Rouyn. On y parle (sans trop se risquer avec les chiffres) de concentration industrielle, d'échec prévisible pour les primeurs bordelais d'années moyennes, de marketing, de la médiocrité des conditions de stockage sur les distributeurs. Bref, de la technique, pondérée, plus dans un genre Wall Street Journal que Wine Advocate. Sauf un, le Commandement n°7, qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe au milieu de cette sérieuse litanie, un peu comme la petite provoc', le gros mot qu'un adolescent lâche à table afin d'être sûr que tout le monde le remarque: "le mouvement djihadiste des vins sans soufre ajouté, verts, en sous-maturité, faibles en alcool, ces trucs insipides promus par la police anti-plaisir et les nouvelles ligues prohibitionnistes ont fait leur temps comme tant d’autres mouvements extrémistes et inutiles dont peu de gens se soucient."


Jusque là, rien de bien nouveau sous le soleil. Vous prenez un critique pinardier (on peut remplacer par acteur, chanteur, écrivain, etc…) sur la pente descendante et, pour le relancer, vous lui faite dire la petite phrase qui choque, pour faire le buzz et que de nouveau les projecteurs se rallument. Vieille méthode qui a fait ses preuves, et qui marche toujours puisqu'on en parle. Je vais en revanche éviter d'ouvrir le débat me contentant de rappeler (méthode Quai d'Orsay mais surtout expérience personnelle) que s'il existe des vins naturels foireux qui correspondent à la description ci-dessus, il y en a pas mal d'autres dont on peut se régaler avec au moins autant de plaisir que certains jus de planche glycérinés dont Tonton Robert fit l'apologie. Allez, varie les positions, Tonton, vas-y, le vin ça ne se boit pas comme un missionnaire après la prière du soir.


Mais surtout, cher Robert Parker, puisque l'arrivée de vos mystérieux (sic) associés et votre départ en pré-retraite doivent vous laisser un peu de temps libre, profitez-en pour lire votre propre journal, le Wine Advocate… Et découvrez que les vins du "mouvement djihadiste", plusieurs de vos employés ont l'air prendre leur pied avec. Que les talibans flirtent avec les sommets de votre système de mesurage de quéquette, jusqu'à 97-98/100 lit-on pour une Muntada 2007 de Gauby, en Languedoc-Roussillon. J'en ai trouvé beaucoup comme ça dans les notes ramenées du Sud de la France par votre envoyé spécial Mohamed Schildknecht: Matassa, Barral, Clos Marie, Tribouley, lisez, vous verrez!
Et ce n'est pas tout! Figurez-vous, Bob, que j'ai "logé" un autre converti, Omar Martin qui a bien noté Terroir al Limit, un priorat qui joue sur la sous-maturité et qui, de surcroît, dans une fatwa publiée par elmundovino.es s'est emporté contre la "soupe de chêne", estimant qu'elle est désormais démodée!
De leur côté, mes services secrets anti-talibans, généralement bien informés, me murmurent que votre nouvelle recrue, Ali Gutíerrez, serait un agent double: il ne cracherait pas de temps à autre sur une bouteille d'arbois d'Overnoy, ce qui tendrait à prouver que lui aussi serait lié à Al-Qaïda!
Mais, putain, fais gaffe, Tonton, t'es encerclé! Bob, Monkton, c'est pire que Kaboul, il y a des djihadistes infiltrés partout! Jusque dans ta maison!



Commentaires

  1. Mohammed Schidknecht ! Très drôle ! Tu le connais ? Du genre à se marrer chaque fois qu'il prend une enclume sur le gros orteil

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  2. Cher Monsieur Pousson,

    Je tombe par hasard sur votre prose, cherchant où me procurer des Kalachnikov bon marché. En France, le marché « libre » ne descend pas sous les 329 €, port en sus. Sur votre dernière illustration, je m’aperçois que le modèle dont on voit la crosse repose sur l’épaule d’Achmed Danlekuh, un stagiaire que j’avais rencontré lors de sa formation au camp de Rivesaltes, pendant les vendanges. Vit-il à Barcelone à présent ? Chaque fois qu’un Africain l’ouvrait, il lui filait un coup de tatane, pardon : de vigatane, en plein plexus et ramenait le calme. Quel talent !
    Je pense que nous avons des points communs : vous préférez un « bon » vivant à un « mauvais » crevé. Vous avez fait la légion ? Bonjour à groin-groin au passage.
    De toute façon, les sols de vigne qu’on trouve à l’étranger ne valent rien. J’ai lu sur une affiche, avec l’approbation de la Sopexa : « Médoc, la terre que la Terre entière nous envie ». Vous voyez, même que c’est écrit, donc c’est sûrement vrai.
    Quelques exemples, au hasard :
    . Le « Brand », ça brûle. On ne peut y élaborer que des crasses à fourguer aux Boches, ça c’est sûr. Ou encore le « Hengst », de la branlée de cheval. Faut être un Schleu pour aimer cela. Par là, de l’autre côté des Vosges, ils peuvent dire ce qu’ils veulent, ils nous chantent toujours la même ... Rangen.
    . Et en Anjou, là où c’était les Rosbifs qui gouvernaient. Ils boivent de la « Coulée de ses Glands ». Vous croyez que c’est bon, ça ? C’est du joly !
    . La Savoie, ce n’est pas mieux. Tous des Ritals, par là. Et même jusqu’à Lyon. Le Dauphiné, on aurait mieux fait de ne pas le libérer. Vous vous rendez compte : ils boivent du Chignin-Gerberon, c’est dégueulasse.
    Enfin moi, ce que j’en dis, hein ....
    Je suis bien content d’avoir fait votre découverte. Si vous passez par Perpignan, venez me dire bonjour. Mais faites bien attention en ville : c’est plein de Gitans, d’Arabes, d’Espagnols ... même de Belges. Ceux-là, ce sont les plus dangereux : ils feraient n’importe quoi pour travailler !

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    1. Toujours en forme notre djihadiste belge ! Faudrait l'envoyer au front, mais j'ai peur qu'il se fasse refouler à l'aéroport de Monkton ;-)

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  3. Don't you think that by incessantly talking and writing about Bob Parker you increase rather than diminish his importance? Can't we finally calm down? I could engage more deeply in the Parker argument but I have a book to work on and, even if I didn't, the whole enterprise is a waste of time, another form of masturbation.
    I would, however, like to say a word or two in defense of David Schildknecht. I call him The White Knight of Wine Journalism. That's my Lutherian stand. I know of no one who works harder, cares more passionately, investigates more deeply, questions himself more thoroughly than David. He's nobody's puppet. He speaks for himself. You may disagree with his taste but his opinion is honest and based on integrity and perfectionism. As a standard for wine journalism, we could all take a lesson from David. You assign him to a sect at your own risk.

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    1. You misunderstood the Schildknecht jihadist reference. It was actually a compliment. It is precisely his willingness to challenge the Gospel of Bob that makes him a rebel in Vincent's eyes!

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    2. Without a cause? His cause is to defend and promote good wine and to entice people to drink it. I like to think of that as my cause too.

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    3. Your cause is OUR cause too, Jackie ;-)

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