Les éclairs de génie du Trocadéro.
Vous me direz que c'est le paradoxe de l'œuf et de la poule, mais je me suis toujours demandé si c'était le football qui rendait con ou s'il fallait d'abord être con pour s'y intéresser. La certitude, en revanche, c'est qu'à la Coupe du Monde de la Connerie, pas mal de ses supporters méritent une qualification directe pour les phases finales. Ça vaut à Paris, on l'a vu hier soir, mais je rassure les amoureux du PSG, les hordes de mono-couilles va-t-en-guerre du Barça dont je croise trop souvent les borborygmes et les anamatopées sanc i or ne valent pas mieux. Dieu préserve le rugby de cette déchéance, mais plus que Dieu, je crois que c'est sa complexité, nécessitant un QI supérieur à celui de l'huître, qui crée et entretient le pare-feu; merci, en tout cas, aux gentlemen du Board de continuer à emberlificoter les règles ovales, allez-y de bon cœur!
Si je vous parle aujourd'hui de football, c'est juste pour vous prouver à quel point j'aime regarder les choses par le petit bout de la lorgnette. Et peut-être aussi parce que je me dis, au vu des pitoyables évènements parisiens d'hier, qu'il vaut mieux positiver sur une France adulée par une partie de la planète que d'épiloguer sur une bande de ratés, de clébards mal dressés, de "sauvageons" qui, consciemment ou pas, mènent le pays à la dictature. Toujours est-il qu'aujourd'hui, au numéro quatre de la Place du Trocadéro, c'est porte close. La maison Carette, mon fournisseur officiel d'éclairs quand je passe à Paris a évidemment pris de plein fouet la marée inhumaine des abrutis du foot. «Toutes nos viennoiseries et pâtisseries étaient par terre, les caisses enregistreuses aussi», raconte le gérant de la pâtisserie à l'AFP, il prévoit entre «15.000 et 20.000 euros de préjudice. On espère rouvrir dès que possible».
Il y a plus grave, je sais, mais j'adore les éclairs de Carette. La dernière fois, ils étaient au chocolat. J'en ai mangé quatre, une pâte à choux fraîche, pas trop cuite, moelleuse, une belle crème. Je suis même tenté de dire que, malgré un service mal-aimable, ils m'ont sauvé la vie! Je sortais d'une "expérience" comme on dit chez les chefs-chimistes tecnoemocional espagnols: une heure auparavant, nous déjeunions dans un resto branché, chez Saturne*, et la turista guettait… L'éclair a fait mieux que colmater! Et je ne vous parle pas du baba au rhum de ma voisine, l'opposé absolu de ce film d'horreur que j'avais vécu dans une autre expérience, moléculaire, à Barcelone. Quant au flan parisien, j'en ai pris un pour le soir, même si l'on me dit (oui, c'est toi, Natacha) que celui de Jacques Genin que tu manges chez Table…
Des éclairs, du baba, un flan, tout cela est évidemment très "régressif", suffisamment pour se faire traiter de "facho de la bouffe". Mais, à en juger par les fréquentations de ceux qui pourrait ainsi me cataloguer, je pense qu'il y a de la marge. Quant à l'avant-gardisme (méfions-nous quand même de ce terme qui fut aussi prisé par les fascistes et les phalangistes), je le réserve à mes visites au Palais de Tokyo tout proche et dont j'espère que les "vitraux", reproduits en bas de page n'ont pas été endommagés par la meute des abrutis du foot.
Voila, j'espère donc que Carette va pouvoir rapidement ré-ouvrir. En attendant, afin de se détendre, je vous offre un joli texte sur le football, exhumé hier soir par Jean-Marcel Bouguereau (on est souvent d'accord, finalement…), c'est signé Pierre Desproges:
"À mort le foot!
16 juin 1986
Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j'entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu'ils existent, subissent à longueur d'antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied.
Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s'abaisser à jouer au football.
Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football? Quelle harmonie, quelle élégance l'esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de 22 handicapés velus qui pousse des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de bœufs éteints.
Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester publiquement sa libido en s'enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de 8, à grands coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d'usine? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de 40 morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois?
Je vous hais, footballeurs. Vous ne m'avez fait vibrer qu'une fois; le jour où j'ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J'eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu'à la fin du tournoi. Mais Dieu n'a pas voulu. Ça ne m'a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu'on fasse et où qu'on se planque, on ne peut y échapper.
Quand j'étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l'école ou dans la rue. On me disait: «Ah, la fille!» ou bien: «Tiens, il est malade», tellement l'anormalité est solidement solidaire de la non-footballité.
Je vous emmerde. Je n'ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celles des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez au stade.
Pouf, pouf."
Pierre Desproges (1938-1987)
16 juin 1986
Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j'entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu'ils existent, subissent à longueur d'antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied.
Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s'abaisser à jouer au football.
Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football? Quelle harmonie, quelle élégance l'esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de 22 handicapés velus qui pousse des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de bœufs éteints.
Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester publiquement sa libido en s'enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de 8, à grands coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d'usine? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de 40 morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois?
Je vous hais, footballeurs. Vous ne m'avez fait vibrer qu'une fois; le jour où j'ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J'eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu'à la fin du tournoi. Mais Dieu n'a pas voulu. Ça ne m'a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu'on fasse et où qu'on se planque, on ne peut y échapper.
Quand j'étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l'école ou dans la rue. On me disait: «Ah, la fille!» ou bien: «Tiens, il est malade», tellement l'anormalité est solidement solidaire de la non-footballité.
Je vous emmerde. Je n'ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celles des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez au stade.
Pouf, pouf."
Pierre Desproges (1938-1987)
* J'en profite pour vous livrer mon étonnement: il m'est revenu par le biais de la filière trotsko-moléculairo-nestléiste que je fuyais (sûrement par peur…) le débat avec les tauliers de ce bistrot, Saturne, dont je n'avais pas du tout apprécié la cuisine, bien trop maniériste à mon goût. J'ai même lu que leur présence à une dégustation de vin sur la Côte Catalane m'avait forcé à me décommander. Allons, allons, un peu de sérieux, dégonflons les melons, on ne parlait que de boustifaille à la mode, pas d'œuvres d'art comme celle du Palais de Tokyo (notamment)…
Vincent, 4 éclairs c'est un peu beaucoup, non? A moins que tu ne joues au foot pour garder la forme, :-)
RépondreSupprimerNon, Nadine, avec ce que je venais de manger, c'était ça ou la turista!
SupprimerLa prochaine fois au lieu d'avaler de l'imodium, je mangerai 3/4 éclairs au chocolat. c'est quand même plus sympa!
RépondreSupprimerMerci d'avoir exprimer en termes choisis mon ras-le-bol des CONNARDS !
RépondreSupprimerJe ne poste pas que des contributions loufoques. Il faut se méfier du lopéramide (ne dites pas Imodium®). Issu de la recherche du laboratoire Janssen Pharmaceutica, passé dans le giron de Johnson & Johnson, il bénéficie de la « machine de guerre » impressionnante que cette société met en branle pour stimuler les prescriptions, et ensuite l’usage « over the counter ».
RépondreSupprimerDéjà le diphénoxylate (appelé Reasec®), ensuite celui-ci et enfin son contraire (pour simplifier) la dompéridone (Motilium®) ne font pas l’unanimité parmi les spécialistes, loin s’en faut. On les « positionne » comme anti-diarrhéiques banaux pour l’un, ou comme «anti-nauséeux » anodins pour le dernier. Comme cela, on augmente le marché potentiel (et effectif). En fait, le lopéramide est un opiacé, structurellement et dans son mode d’action. Il peut conduire à une forme de dépendance en cas de prise chronique et/ou régulière. Il peut entraîner des troubles graves du transit intestinal. Il peut aussi favoriser l’installation d’une infection grave/chronique/invalidante en cas de multiplication exponentielle de certains agents infectieux dans le tube digestif. Outre les effets secondaires « logiques », liés à son mode d’action, il peut aussi entraîner des réactions allergiques gravissimes.
Bon, pas de panique, une demi-gélule (ça peut s’ouvrir) de temps à autre et ne vous tuera pas, et prenez alors plutôt un générique – même s’il y a de fortes chances que l’unité de production soit la même. Mais il est aberrant de générer le réflexe : selles un peu molles ou diarrhée du voyageur et hop, lopéramide !
N’oubliez pas la maxime : « Un bon petit prout et un peu mal au bide, cela vaut mieux que du lopéramide ! ».
"Un bon petit prout et un peu mal au bide", ou un éclair, non, Docteur?
SupprimerC’est selon, Maître Pousson. Vous avez eu une illumination, un .... flash, comme un éclair ! Attention, je n’ai pas dit un « flush », ni même un « Flunch » (oh !).
SupprimerLéon, mon bon docvigneron, on m'avait dit que le médicament dont tu causes était issu du pain de singe, lui même fruit du baobab ? Toujours est-il que mes amis de Casamance l'utilisent couramment dilué dans de l'eau pour soigner les diarrhées de leurs proches. Perso, je réfère le coca...
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