C'est quoi, des "sponsors engagés"?
Décidément, on ne lit jamais assez le Nouvel Obs, sa version numérique, je veux dire, Obsession. Je vous ai parlé il y a quelques jours du beau publi-reportage de l'attaché de Presse de la "jeune cuisine mondialisée", Andrea Petrini, dressant un panégyrique de "la playlist des meilleurs restaurants du monde". Là, ce sont juste deux mots qui m'ont interpelé au détour d'un papier dithyrambique lui aussi, tendance sujet-verbe-compliment, sur le Cook It Raw, autre évènement organisé par le Mondogastro, évènement décrit selon l'envoyée spéciale du Nouvel Obs comme un "laboratoire ambulant de cette alter cuisine avant-gardiste
[qui] réunissait une fois de plus l’élite, s’il en est, de chefs transformés
en apprentis naturalistes."
Laboratoire, élite, alter, avant-garde*, tous les éléments de langage sont là, c'est aussi beau qu'un dossier de Presse… Mais, les deux mots, ce ne sont pas ceux-là, il s'agit plutôt des "sponsors engagés" (qu'on ne nomme pas) dont le soutien permet ce Cook It Raw sur lequel je ne résiste pas au plaisir de vous faire faire lire quelques lignes impétueuses, passionnées, qui en résument, selon le Nouvel Obs, la philosophie:
"Sous ses airs d’agitatrice et insolente irrespectueuse de dictats,
cette assemblée de chefs de la cuisine montante, s’essaye à la
communauté fraternelle. Sans tricher. Jusqu’à se réunir, vivre, échanger
et disserter autour d’une possible philosophie de partage et de
compréhension mutuelle qui passe forcément par la mise en danger pour
qui s’expose ouvertement avec de vraies questions.
Car cette réflexion de groupe, basée sur la confiance, avec des
acteurs qu'on voudrait sans concurrence, a pour toile de fond le
développement des compétences et des connaissances de chacun dans
l’espoir de dégager au travers de ses échanges, des solutions pérennes
pour une agriculture mondiale sérieusement mis à mal, cuisine avec,
package forcément indissociable.
Ça nous rappelle quelque chose mais en mode grands chefs,
l'expérience reste décoiffante. La réelle place de homme en relation
avec son environnement et la nature. Ce qu’elle donne et ce qu’il prend.
Ou encore, comment sauvegarder des saveurs intactes et primales. Tel
est le pari de cette élite, qui rêve de créer une fondation Cook It
Raw. Un satané programme. Il était temps!"
Oh, c'est beau, c'est beau, c'est beau! J'en ai des frissons dans le dos, ça me rend tout chose. Et encore, vous n'avez pas vu les photos: on dirait une pub pour un catalogue de prêt-à-porter branché, tendance hipster-bûcheron à la conquête du grand nord, le poil rebelle, brushing-nature, écolo, mais stylé. C'est beau, c'est beau, c'est beau!
Et nos "sponsors engagés" dans tout ça? On y vient, on y vient, juste le temps de vous raconter que dans cette assemblée de "chefs de la cuisine montante", on trouve pêle-mêle Iñaki Aizpitarte du Chateaubriand à Paris (un temps meilleur restaurant de France selon le World's 50 Best), René Redzepi du Noma (ex-n°1 mondial selon les mêmes critères, authentique naturiste), les espagnols Albert Adrià (le frère de, spécialiste du Coca-Cola et du hamburger) et Quique Dacosta (nouveau promu du W50BF, diplômé en pharmacologie), etc, etc… Et de vous préciser que les organisateurs de Cook It Raw ne sont autres que Alessandro Porcelli, chargé de promotion de la gastronomie de plusieurs pays dont le Danemark, l'Espagne et l'Italie comme il fut directeur de communication du Noma flanqué de ce cher Andrea Petrini, professionnel du bénévolat.
Il est évident qu'une philosophie comme celle évoquée plus haut implique des "sponsors engagés". Avec un tel amour de la Nature, une telle éthique, une telle pureté sauvage, on ne transige pas, hors de question de vendre son âme au Diable! L'engagement et l'éthique sont indispensables! Une certaine modestie aussi puisque leur nom ne figure nulle part sur le site. Et c'est pour cela que nos deux compères ont choisi Nestlé**, et très exactement sa marque Nespresso. Non, je vous promets, nous ne sommes pas le 1er avril, c'est écrit ici. Nestlé, "sponsor engagé". Imparable.
* ce terme "avant-garde" qu'ont nous ressert à toutes les sauces comme une garantie de modernité et un brevet de gôchitude, j'y reviendrai à l'occasion, ce qui devrait nous ramener pas très loin du passé d'un des leaders, un des guides (on dit caudillo en espagnol…) de cette "jeune cuisine mondialisée".
** Nestlé, première multinationale alimentaire de la planète, qui est également sponsor ("engagé"?) du World's 50 Best Restaurants au travers de son autre marque San Pellegrino.
Affligeant cette mode qui consiste (depuis très longtemps) à mettre de l'English partout. Bon, à part ça, rien à dire. Si ce n'est que ce n'est pas demain la veille que je passerai au nespresso !
RépondreSupprimerSmith, ça sent l'English
SupprimerSmith, ça sent aussi le résistance, l'insoumission, la Liberté, cher Anonymous.
Supprimer"Sous ses airs d’agitatrice et insolente irrespectueuse de dictats, cette assemblée de chefs de la cuisine montante, s’essaye à la communauté fraternelle. Sans tricher. Jusqu’à se réunir, vivre, échanger et disserter autour d’une possible philosophie de partage et de compréhension mutuelle qui passe forcément par la mise en danger pour qui s’expose ouvertement avec de vraies questions.
RépondreSupprimerCar cette réflexion de groupe, basée sur la confiance, avec des acteurs qu'on voudrait sans concurrence, a pour toile de fond le dév...
Vincent, you're much stronger than I. The prose -- and I hate to use the word 'prose' for such drivel -- that you cite above turns me off after one sentence. Impossible for me to read more. Hot air with no substance. Makes me want to vomit.
Marrant de lire les vignettes.... pas sur qu'ils y aient mis les pieds "au fin fond de la forêt polonaise"!
RépondreSupprimerEnfin, le club des empoisonneurs se réunit au complet dans des lieux qui se veulent exotiques, pensez-vous! Au japon - en pleine catastrophe nucléaire!...y'a pas à dire ils sont vaillant les preux chevaliers de la chimie nouvelle, presque plus que les malades qui osent pousser leurs portes.
Et comme rien n’est simple, il faut aussi envisager les LIENS entre Nestlé et Kraft.
RépondreSupprimerOfficiellement, il s’agit de 2 sociétes indépendantes, voire même rivales. Est-ce vrai ?
Tout d’abord, en 1987, Suchard et Nestlé lancent une opa sur Côte d’Or, MON Côte d’Or chéri. Le chocolatier tombe finalement (en 2 temps) dans le giron de Suchard. En 1990, Suchard devient un pion du géant (le 2ème mondial) Kraft Food et donc, Côte d’Or, c’est Kraft, snif. Nestlé, lui, acquiert 30% du capital de MON chocolatier, Pierre Marcolini en 2008. Son actionnariat (dont la très belle maroquinerie Delvaux , plus chic qu’Hermès) rachètera toutefois ces parts en 2012. Ce n’est pas tout, en 2010, Nestlé (1er faiseur d’agro-alim. au monde) rachète un gros business de pizza à ... Kraft (4 milliards de US $), lui permettant par la même occasion de s’adjuger Cadbury (grâce à cette manne financière). Vous savez, Cadbury, les dérivés chocolatés dans lesquels il n’y a pas de chocolat ! Bon, en même temps, des After Eight, j’en ai bouffé des tonnes avant d’être diabétique ! Pour info, Cadbury possède aussi Poulain.
Bon, on pourrait continuer à l’infini. Vous en connaissez beaucoup, vous, des rivaux financiers (1er et 2nd mondiaux !) qui s’offrent l’un l’autre des pans entiers d’activité, à grand renfort de cash évidemment, dans le but évident de se partager à terme TOUT l’environnement chocolatier (et autre) au monde, permettant au passage de ruiner plein d’économies africaines ou d’Amérique latine, car le cours du cacao est très versatile et dépend en grande partie des chiffres de ces messieurs. Il n’existe PAS de commerce équitable.
Tiens, humour : Pierre Marcolini, avec qui j’ai été « pote » et qui était un passionné de chocolat et un artisan sensationnel, a contribué à définir une gamme de produits pour accompagner les ... Nespresso. Voilà, mon esprit d’escalier a fermé la boucle, Vincent.
Et une digression, encore une : Smith, ça sent la forge, ça sent Vulcain, ça sent les bitos tarabiscotés, ça sent la petite volontaire de Ziguinchor, ça sent la fille de Casamance et la sueur lusophone. On dit d’ailleurs que c’est lui qui s’est adjugé – pour le compte de Gérard Bertrand – toutes les paires de chaussures de Cesaria Evora. Les îles du Cap Vert ne sont pas loin, mais je crois que les descendants de la « Diva aux pieds nus » se sont payés sa tête quand même ! Si Michel avait choisi la Côte d’Ivoire, plutôt que le Sénégal – moi je confonds toujours les deux car les Belges, c’est Patrice Lumumba qu’ils ont assassiné, plus au sud – on aurait pu retrouver notre sujet premier : ce pays vit essentiellement grâce au cacaotier.