Rentrée litt(r)éraire.


"Au mois de septembre, le mois pour se vendre" pourrait désormais chanter Nougaro en poussant son caddie au Leclerc de Saint-Martin-de-Ré. Je ne sais pas, d'ailleurs, s'il se régalerait des alignements de vins foireux, incontournable rendez-vous de la saison. Pas plus que je ne l'imagine sauter de joie au "rayon librairie", là où la grande distribution se tire la bourre avec Amazon, histoire d'en finir avec l'édition de qualité.


Parce que, non content de nous empoisonner avec ses jajas sans âme, le pousse-caddie nous inflige un autre marronnier: la rentrée littréraire. Non, je ne parle pas des gros tirages du moments, les plus lus aussi, ces fameux catalogues de foires aux vins qui, cautionnés par les premiers de la classe du jaja, meilleurs sommeliers de ci ou de ça et Masters of Wankenvahissent les boîtes-à-lettres. Ni même des pénibles articles attrape-pub (putassiers quoi) que la Presse dans son ensemble se sent obligée de pondre en septembre pour vanter les bonezafaires à venir. C'est de l'opportune avalanche de bouquins pinardiers qu'il est question. 
Entre l'ouvrage de vulgarisation auquel la maison d'édition, gouvernée par les stéréotypes d'anciens d'école de Commerce, se croit obligée de donner la gueule gnangnan d'un manuel scolaire des années soixante-dix et les pauvres guides qui ne guident plus grand monde, chaque millésime ressemble au précédent et augure du suivant; tout cela est aussi original qu'une syrah de coopérative boisée aux copeaux et rehaussée à la gomme arabique… Quand je pense aux pauvres oiseaux qui, à cause de tous ces chefs-d'œuvre qu'on a déjà l'impression d'avoir lus dix fois, n'ont plus d'arbres pour poser leurs nids, je suis à deux doigts de devenir Vegan®…


Le vin a-t-il à ce point été happé par les petits commerçants, phagocyté par les marchands de fringues, a-t-il totalement perdu son âme pour ne plus susciter qu'une littérature besogneuse, épicière, juste bonne à garnir les "têtes de gondoles" des "foires au vin"? N'y a-t-il pas d'alternative moins petits-bras, plus ambitieuse que de servir la soupe? Les écrivins sont-ils désormais condamnés aux écrits vains?
Allez, restons optimistes, espérons que ce mois de septembre, ou peut-être celui des années à venir, nous offre enfin, sur papier ou sur écran, à défaut d'un "millésime du siècle", de belles vendanges littéraires. Avec moins de marketing et plus de panache. 








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