Tonton Cristobal est revenu !
Je vous avais parlé, en juin 2012 du Tío Pepe de la Puerta del Sol: un des symboles de la Madrid moderne, avec son sombrero et sa guitare. Non pas, comme je l'écrivais, que ce soit cette marque-là qui symbolise le mieux pour moi "le soleil de l'Andalousie mis en bouteille", j'ai d'autres préférences*, mais cette pub aux néons multicolores avait un charme fou. Depuis les années trente, elle dominait cette place du cœur de l'Espagne, trônant sur ce qui fut l'Hôtel de Paris. Son petit bonhomme lumineux, le tío, l'oncle Pepe, rendait hommage à un parent de la famille qui a inventé cette marque de jerez. Il avait brillé dans les yeux d'Hemingway, fait étinceler ceux d'Ava Gardner, résisté à la Guerre civile, maigrement illuminé les années sombres, connu la movida et présidé à l'apparition des indignados. Et voila que sans crier gare, on le foutait à la porte, on l'expulsait de chez lui, avec cette brutalité, cette barbarie redevenue à la mode en Espagne. Vous ne vous souvenez pas, allez au bout de ce lien.
La grande joie, la victoire minuscule, c'était cet après-midi. Je sortais de fêter la Sant Jordi (à coups de hamburgesa de pieds de porc, de lapin aux escargots et de quelques verres de sumoll un peu vert), au Cal Xim, une des tables sincères de Catalogne. Sur mon téléphone, s'est affiché un message madrilène qui m'a fait chaud au cœur:
"Hoy se ha cumplido tu deseo y el de millones de personas para que el luminoso de Tío Pepe regresara a Sol. Y lo hemos logrado entre todos. Atrás queda la falta de sensibilidad de la empresa Apple y la ineficacia de algunos políticos. Que los juzgue la Historia.
Gracias por tu contribución. Gracias por tu ilusión. Disfrutemos por siempre del Tío Pepe en Sol."
Dans la nuit, une longue grue orangée l'a de nouveau perché sur le toit de l'ancien Hôtel de Paris, il est ainsi revenu rappeler aux Espagnols (qui l'oublient trop souvent) et aux touristes que les vins de Jerez, véritables chefs d'œuvre en péril de la viticulture nationale, grands crus en déshérence, sont d'authentiques éléments du patrimoine ibérique. Olé!
* Cela étant, j'ai vécu il y a quelques mois un superbe moment grâce aux vins de la maison González Byass, lisez, c'est ici.
Vincent,
RépondreSupprimerGoûté la gamme Navazos récemment, en particulier à Monvinic/Barcelone, du fino au PX : superbes vins ...
Des vins crées par et pour les anglais ?
Je regrette qu'on ne trouve guère que le fino Tio Pepe dans les restaurants toulousains (et à propos, très belle recommandation de ta part que cette "pente douce" d'Hamid Miss).
Equipo Navazos, dont j'ai parlé maintes et maintes fois, effectivement, possède (et renouvelle régulièrement) une des gammes les plus complètes qu'il soit. Mais on ne peut pas vraiment dire qu'il s'agisse de vins d'Anglais…
SupprimerMais on peut constater qu'ils sont peu diffusés et cruellement méconnus.
RépondreSupprimerEt pour cause! Les quantités générées par ce petit négoce sont minimes.
SupprimerJe parlais des vins andalous en général, Vincent.
RépondreSupprimerSur Jerez et encore plus sur Montilla-Moriles.
Il y a pourtant des splendeurs en Amontillado, Oloroso, Palo Cortado, ... tant à base de palomino fino que de Pedro Ximenez et dans de nombreuses maisons (Emilio Hidalgo, Barbadillo, valedespino, Bodegas Tradicion, Perez Barquero, ...)
Malheureusement, le vignoble andalou ("chef d'œuvre en péril" écrivais-je dans mon billet) se réduit comme peau de chagrin.
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