Souvenirs de Pâques.
Sans trop de nostalgie, mais avec précision, me revient ce matin le souvenir des œufs de Pâques de mon enfance. Pas question de filer au supermarché acheter une saleté en chocolat d'origine douteuse; certes quelques douceurs arrivaient pour la fête, généralement de Suisse, mais le cacao et le sucre jouaient un rôle accessoire dans cette célébration chrétienne aux contours vaguement païens.
Quand j'étais petit, à peine plus grand que sur la photo ci-dessus, chez ma grand-mère maternelle, issue d'une vieille famille luthérienne à l'accent alémanique, la préparation des œufs de Pâques relevait du rituel: on s'y attelait dès le jeudi. Il fallait de beaux œufs de poule dont on sentait que la coquille avait quelque chose à raconter, autre chose en tout cas que l'enfer de l'élevage en batterie. Et surtout, il fallait descendre au jardin, au fond à gauche, juste après les fraisiers mais avant la partie réservée aux anciens sapins de Noël (devenus avec le temps gigantesques), pour récolter le matériel de décoration. Feuilles de pissenlits, persil, herbes, pâquerettes, etc, tout ce dont la découpe nous semblait suffisamment "graphique"; à défaut d'avoir fait Penninghen, voila peut-être une des racines de mon intérêt pour les métiers créatifs…
Sur le gaz, juste à côté de cette énorme fourneau à bois qui m'intriguait depuis tout petit, ma grand-mère avait préparé une drôle de décoction, pas très engageante, à l'aide des pelures d'oignons méthodiquement collectées les mois précédents. Au fond de vieilles casseroles d'aluminium cabossées qu'elle ressortait spécialement pour l'occasion, le brouet avait une couleur brun sale et ne sentait pas très bon, surtout quand elle y ajoutait un peu de vinaigre.
Le jeu constituait à disposer les feuilles récoltées dans le jardin sur les coquilles (sans les casser!) puis à les maintenir avec des bas usagés ou des mousselines de récupération. Ainsi emmaillotés, les œufs étaient plongés dans la teinture d'oignon. C'est ainsi que j'ai appris le temps de cuisson de l'œuf dur ainsi que l'usage du sablier.
Bizarrement, une fois prêts, ces œufs disparaissaient et on n'en reparlait que le dimanche, quand, pendant le culte, un prétendu lièvre était soit-disant allé les cacher dans le jardin, pas là où nous partions à la chasse aux plantes mais plutôt dans les plates-bandes, au milieu des primevères, parfois même en hauteur, dans les arbres (ce qui peut sembler bizarre pour un mammifère de la famille des léporidés), notamment dans les vieux cerisiers dont la production acidulée allait faire mes délices deux-trois mois plus tard.
Il était bien évidemment hors de question de consommer tous ces œufs le dimanche de Pâques, d'autant qu'un gigot finissait de rôtir dans le four. Il y en avait donc pour la semaine, au moins. Ils attendaient donc dans des corbeilles en osier d'être ramenés au monde profane, sous forme d'œufs mimosa, avec des betteraves, ou encore des carottes râpées et de la mayonnaise.
Je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça. Peut-être parce que j'ai lu cette phrase d'un jeune vigneron roussillonais, un ancien de la Royale, installé dans le Fenouillèdes (cette sublime région adossée au sud des Corbières, enclave occitane des Pyrénées-orientales). Je vous la livre telle, elle est de Joseph Parcé de La Préceptorie, à Saint-Arnac:
"Bonnes
fêtes de Pâques pour tous les croyants. Bon weekend de trois jours à
tous ceux qui comme moi ne croient pas mais ont du respect. Bonne
réflexion devant la glace pour tout ceux qui voudraient voir disparaître
toute trace des religions mais qui n'iront pas pour autant supplier
leur patron de bosser lundi!"
Joyeuses Pâques, donc.
Putain, Vincent, je crois que je vais me trimbaler cul nu dorénavant aussi. Le généraliste de mon village – très sympathique Gardois de tradition un rien catho – ne veut pas me prescrire d’Omix si je ne vais pas faire auparavant une échographie – ce qui ne sert à rien dans cette indication, il est plus rapide de faire un toucher et tout aussi instructif – et donc je me pisse sur les godasses depuis plusieurs mois. J’envisage même de m’inscrire à l’Ordre des Médecins local pour avoir au moins le droit de me faire des ordonnances à moi-même ! En fac de médecine, on apprend maintenant par coeur des « algoritmes », càd une conduite à tenir standardisée et uniformisée, plutôt qu’à réfléchir un peu. Faut dire que si les médecins devaient savoir réfléchir, il y aurait beaucoup moins de diplomés !
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