Le baiser.


Je suis absolument halluciné par les articles de Presse (j’hésite, vraiment, sur la terminologie...) – et les commentaires Bidochon (ça ne rime pas avec saucisson, ou alors Cochonou) qu’ils suscitent – consacrés à la Saturday night fever du Ministre de l'Intérieur français. Le politicien en question, alors que la vie du pays devait théoriquement s'arrêter en vertu d'un "Acte" je-ne-sais-plus-combien des factieux, des fauteurs de trouble jaune-Ricard, est allé passé la soirée en boîte non loin de son bureau de la place Beauvau, et, (tenez-vous bien!) "il a embrassé une femme sur la bouche". Quelle horreur! J'espère qu'il sera convoqué par le conseiller principal d'Éducation, ou le préfet de Discipline, ou la mère-supérieure. Si ça vous intéresse, que ça vous ait échappé, regardez (ici, dans Le Figaro, mais ce n'est pas plus glorieux ailleurs), on navigue entre la vieille bite affinée comme un chambertin (le fromage bien sûr) et le vagin cicatrisé par le chômage.
Sommes-nous devenus pire que les puritains anglo-saxons? Pire que les moralistes religieux? Comment avons-nous escaladé ces montagnes d’aigreurs, de frustrations, cette pénurie de jouissance? Quelle horreur! L’image d’une (sous)France envieuse, mal-baisée, hargneuse. Et heureusement, j’en suis convaincu, minoritaire.


Qu’il embrasse, ce ministre avec lequel je n’ai aucune accointance! Qu'il embrasse, à bouche que-veux-tu. Qu'il la baise aussi, ou qu'elle le baise. Elle et plein d'autres. "C'est signe de bonne santé"! Nous sommes en France, pas en Arabie Saoudite, en Iran, ou même chez les cons qui boivent du thé pendant que, Donald, leur héros met des doigts à des travailleuses sexuelles affligées d'hypertrophie mammaire. Vous regrettez l'époque où ses prédécesseurs à la molle bandaison allait se faire tripoter la nouille dans des maisons à la tolérance dûment tarifée?


En ces temps étranges où l'on ne respecte pas plus le cochon que les balances qui lui soupèsent (ou aimeraient lui soupeser) les couilles, où des Desesperate femmes-au-foyer, après avoir s'être pris un râteau noient leur rancœur dans la bruyante dénonciation d'hypothétiques harcèlements*, où les mots sont devenus gadgets, médiocres opportunités de buzzer, où l'on surfe plus que l'on barre**, peut-être serait-il temps de remettre l'église au centre du village. Oh, pas celle qui (comme la congrégation des instits et des éducateurs trop spécialisés) a le touche-pipi facile, l'église de nos valeurs, héritée des Lumières, d'une Liberté fut-elle libertine et de tant de paganismes qui nous coulent dans les veines. Qu'il aille "faire Nature"***, le ministre! Et, surtout, que lui emboîte le pas la foule haineuse qui pue la mauvaise weinstub, cette foule qui a pris le zweigelt**** au pied de la lettre.
Allez, comme il est marseillais (circonstance aggravante), le ministre, et qu'il  a l'air d'avoir soif, je lui dédie cette bouteille d'un vin autrement plus buvable que les cocktails frelatés servis dans les boîtes de nuit, ça vient des Baux-de-Provence*****, c'est d'une grenache, et c'est soyeux, frais, primesautier comme un baiser volé (ou pas).



* Et du coup discrédite le verbe difficile de celles qui réellement souffrent.
** Au sens marin de gouverner, du gouvernail.
*** Aimer bibliquement, comme l'on disait dans les campagnes.
**** Cépage autrichien aux relents de peste brune dont je vantais il y a longtemps l'accidentelle vertu dans cette chronique.
***** C'est un grenache "très pinot", plus fluide que massif, en provenance du Domaine de Lauzières, au Baux. Bio et bon, en revanche, je vous préviens, la bouteille est très laide, bordelaise en pire, mais ça devrait changer. Le domaine produit également un excellent mourvèdre, droit comme un i.




Commentaires

Articles les plus consultés