Un costard sinon rien.


Les gens sont cruels. Les Français notamment qui se sont gaussés des Vestes forestières® au parfum de manioc du pauvre* Fillon, personnage (malheureux) de théâtre, quelque part entre Harpagon, Trissotin et monsieur Jourdain, pour n'en rester qu'à Molière dont tant d'illettrés défendent la Clause. Moi, je suis juste jaloux, cette veste, inventée pour Le Corbusier sur le modèle de celle des garde-chasses solognots, m'a longtemps fait rêver, mais, faute d'avoir dans mon carnet d'adresse de prévenants rois nègres, je n'ai jamais pu la porter. Tout juste en ai-je frôlé une, à ma taille, chez un soldeur américain. J'entretiens d'ailleurs avec cette merveilleuse maison qu'était Arnys une histoire pleine d'accrocs, puisque j'avais hérité d'un ex-beau-père (qui avait forci) un manteau tweed-cachemire griffé du tailleur de la rue de Sèvres. Malheureusement, c'était du 44 ou du 46, et en veste, je porte du 48. Décidément…


Et voilà qu'après s'être moqué du forcené de la Sarthe, c'est l'honnête camarade Moscovici qui fait les frais de l'ire populaire. À cause de cette même maison Arnys dont, dans un ultime assaut de snobisme, on regrettera qu'elle ait plus ou moins perdu sinon son âme au moins son nom en passant sous le contrôle de LVMH via Berluti. En plus, on flirte avec le pot-de-vin, puisque la Presse déchaînée nous apprend que les costards de l'exilé bruxellois (il ne l'était pas encore du temps des cadeaux) lui ont été offert par l'ex-négociant de Nuits-Saint-Georges, Laurent Max.
Pour sa défense, évidemment, le commissaire européen va nous expliquer qu'à l'époque, ce n'était pas formellement illégal. Alors, bon, on ne va pas l'embêter en lui demandant si en revanche c'était vraiment moral. 
Quoi qu'il en soit, je voudrais modestement apporter ma pierre à la reconstruction de l'édifice de la formidable intégrité (cousine par alliance de celle des montres de Julien Dray) de Pierre Moscovici. Parce que je sais que les mêmes mauvaises langues qui s'en prennent au pauvre Fillon, à la pauvre Le Pen (au moins, elle, on ne peut pas l'accuser de dépenser l'argent de ses rapines présumées en fringues**…) vont d'autant plus lui charger la barque que l'ami négociant est bourguignon, et qu'aujourd'hui, le bourgogne, c'est le vin des riches.


Premier argument de cette défense, Laurent Max, au travers de sa maison Louis Max, est devenu un fervent partisan du bio. Donc, c'est de la corruption, pardon, de l'amitié parfaitement écologique. Et ça, vraiment, c'est mieux que le manioc importé d'Afrique, dont on ne connaît guère les méthodes culturales. Ce pourrait même être l'occasion d'un rapprochement avec Mélenchon devenu chantre de la viticulture bio. Par parenthèse, même si je souscrit à ce nouvel engagement du candidat néo-communiste ou néo-chaviste, comme vous voulez, ingénument, il m'étonne qu'il n'ait pas tenu ce même discours en allant serrer des louches dans le kolkhoze héraultais (dont on peut pas dire qu'il goûte ce genre d'orientations agronomiques). 
Second argument (qui fera plaisir au versant Midi rouge de Mélenchon), Louis Max, n'était pas seulement négociant chez les rupins, en Côtes de Nuits. Le Bourguignon a investi depuis les années quatre-vingt-dix chez les pauvres, chez les prolétaires du vin, en Corbières. Avec le Château de Caraguilhes (magnifiquement restauré soit dit en passant) puis avec Pech-Latt (ci-dessous) qui de surcroît a été un temps dirigé par un héros des luttes viticoles, Jean Vialade.
Voilà, camarade, sois tranquille, tu n'as rien fait d'illégal, en plus tu as un bon dossier. Cours, le vieux monde est derrière toi…



* Vues les sommes amassées (ou dilapidées peu importe), on pourrait croire que ce "pauvre" recèle une parcelle d'ironie. Que nenni! N'y voyez que compassion.
** J'y pensais notamment au cours de ce débat des élections présidentielles sur TF1, la voyant vieillie, et surtout sapée comme l'as de pique, tendance poissonnière en goguette. Ne pourrait-elle pas faire un effort avec tout l'argent que les médisants soupçonnent sa famille de détourner de génération en génération?




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