Le gamay, c'est pas que du beaujolais.


C'est d'abord l'histoire d'un plat. Un plat casse-pattes pour le vin qui l'arrosera. Foie de veau à la vénitienne. Une texture, une douceur, et de l'acidité. Ça me fait penser d'ailleurs que j'ai oublié de vous photographier l'assiette, les filles ont tout mangé.
Et puis, il y a ce jus dans le verre. On pense un  peu à un pinot ferme, structuré. Mais la couleur le dément. Pour dire toute la vérité, au premier verre, je ne cherche pas à comprendre quoi que ce soit, je bois. Comme un trou. Là où la plupart des vins auraient baissé culotte, lui se régale du foie de veau, l'accompagne, l'enrobe, le caresse. C'est ma voisine de droite qui ose dire le nom du cépage. Gamay. Mais tellement loin de la banane des macérations carboniques simplistes. À des années-lumière des solutions de facilité.


Ceux qui le connaissent disent que le vigneron est un perfectionniste. Pas le genre de grandes gueules avec lesquels le papier, éventuellement glacé, se laisse écrire. Il est probable qu'il n'ait pas de compte Facebook. Et qu'il ignore même l'existence de Twitter. Christophe Abbet, à Martigny-bourg. En Suisse, quoi, dans le Valais, ce pays des grands vins méconnus. Enfin, méconnus, non, c'est juste que les Helvètes qui ont bon goût boivent tout, donc il ne reste plus rien pour les autres. Et en plus, je me rends compte que je n'ai jamais parlé de lui!
C'est d'abord pour ses blancs que les esthètes vénèrent ce vigneron, pour un drôle de liquoreux joliment baptisé Ambre. Lisez ce qu'en écrit Jacques Perrin, membre éminent du fan-club, tout comme le sommelier Antoine Pétrus (qui élabore une cuvée avec Christophe Abbet). Mais il ne faut pas oublier les rouges qui nous arrivent ici et là au compte-gouttes. Je crois que la dernière fois, c'était une belle syrah, grâce à Georges Dos Santos, le caviste lyonnais*.
Le gamay du jour n'est pas variétal, voilà du vin de terroir, le merveilleux terroir granitique de Fully. Sonélégante fermeté a tellement désintégré le bon beaujolais qui était servi en même temps que je vais éviter de citer le nom de ce dernier. Bref, je n'ai pas envie de vous en parler plus que ça. Il faut essayer de s'en procurer une bouteille**. Et éventuellement du foie de veau… 




* Only Georges, dans le vieux Lyon.
** J'en ai trouvé ici, à vingt-cinq francs suisses, au CAVE S.A.. À ce prix-là, c'est pas du vin, c'est une affaire!


Commentaires

  1. bonsoir M Pousson
    en tant que proche voisin de cet endroit, permettez-moi de vous signaler un autre proche voisin producteur de merveilleux gamays, le val d'Aoste ! à mon humble avis au-dessus du Valais sur ce cépage.

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    1. Je n'ai pas le souvenir d'en avoir goûté. Mais pour faire aussi bien, il va falloir s'accrocher !

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  2. "A ce prix là, c'est pas un vin c'est une affaire", je me souviens que c'est ce que disait Philippe du Tire-Bouchon à propos de La Buvette de Castelmaure qui "culminait" alors chez le caviste en dessous des quatre euros...
    A 25 francs suisses (soit 23 euros environ), pas certain que ce soit vraiment une affaire ce gamay suisse...

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    1. Si vraiment. Surtout que là, ça n'a rien à voir, on parle de grands terroirs et d'une agriculture proprissime.

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    2. vive le protectionnisme à la Suisse !! sans cela il n'existerait vraisemblablement plus une vigne en Valais. voyez les conditions extrêmes de travail des vignerons de cette région de coteaux extraordinaires et vous trouverez sans doute toute la justification des prix pratiqués..

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    3. La question n'est pas de savoir si les prix pratiqués sont justifiés par rapport au travail fourni car, sinon, en ce domaine c'est l'ensemble du commerce du vin qui est incompréhensible...
      En revanche, dire qu'à 23 euros, "c'est pas un vin c'est une affaire", ça m'interpelle un peu. Parce que ça veut dire que ceux qui vendent des vins moins chers sont soit des tocards qui font du dumping, soit des gauchistes égarés, et que ceux qui vendent des vins plus chers sont au mieux d'honnêtes commerçants.
      On croit rêver... Si maintenant il faut applaudir et s'extasier de payer un vin 23 euros...
      Quant au protectionnisme suisse, voilà bien des propos vaseux...

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    4. Pierre, 23€, eu égard au tarif des crus auxquels on peut comparer ce vin, oui, c'est une affaire. Ces commentaires montrent en tout une forme de 'racisme' ambiant qui semble prévaloir en France autour du gamay. Car, ce qui les sous-tend, c'est le fait que ce soit cher "pour du gamay"…
      Pour le reste, ne minimisons pas la viticulture plus qu'exigeante, héroïque, de tant de vignerons valaisans, terroir de référence au niveau mondial. Et admettons ce que le prix de ce vin nous indique: le niveau de vie, les salaires, en Suisse sont très élevés, nous Français faisons un peu pauvres à côté.

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    5. Quelques chiffres qui permettent de relativiser…
      http://www.illustre.ch/magazine/salaires-2015-qui-gagne-combien

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    6. D'autres…
      https://www.google.fr/amp/mobile.francetvinfo.fr/monde/europe/pourquoi-un-salaire-minimum-a-3-270-euros-en-suisse-n-est-pas-si-eleve_584763.amp?client=safari

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    7. Nullement chez moi l'idée de faire un quelconque racisme à l'égard du gamay. D'ailleurs, à 23 euros ou pas loin, je me régale de ceux de Jean-Louis Dutraive..
      Quant à la question des revenus, alors, pour qui est-ce une affaire? Pour les Suisses peut-être, et tant mieux pour eux, mais ce n'est pas mon cas.
      Enfin, je me suis peut-être mal exprimé. Un vin qui pour moi est vraiment une affaire, c'est la cuvée Vieilles Vignes du Clos Siguier à Cahors, qui "culmine" à 7 euros...
      Là on peut parler "d'affaire"...

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  3. http://www.thierryconstantin.ch/2011/?page_id=14
    Pour un magnifique gamay à un prix un peu plus doux!

    Nicolas J

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    1. Pour dire la vérité, le cépage ne compte pas ou presque avec ce que crée Christophe Abbet. Moi, je trouve que c'est un prix très doux pour un grand bourgogne. Mais merci pour le lien.

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    2. J'habite en suisse, donc plutôt suisse que français, j’apprécie vos chroniques pour les raisons qui font que j'aime la vie, à savoir le bien mangé et le bien boire, même si de nos jours tout part à vau-l'eau. Je suis complétement d'accord avec vous sur le travail de Christophe ainsi que d'autres vignerons (pas assez nombreux à mon goût) valaisans et suis convaincu que le prix est effectivement assez doux. Il est aussi vrai que les salaires en suisse sont beaucoup plus élevé que dans l'hexagone, et malheureusement tout doit avoir un prix. On gagne plus mais aussi on paye plus pour tout.
      Tout comme ce bon Christophe Abbet qui paye plus de charge que bien des vignerons français, alors forcément c'est répercuté sur le prix de vente. Mais que dire des prix des excellents gamay de Julie Balagny, Folliard, Dutraive, Dufaitre, Lapalu, Métras, Lapierre etc... qui ont des tarifs au dessus de 20€.
      Le prix d'un vin est un faux débat, on achète ce qui nous fait envie avec les moyens à disposition et tant mieux si on trouve une bonne pioche comme ce fût le cas l'autre jour au CAVE SA avec la découverte des vins de Combel La Serre. Merci Vincent

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  4. bonsoir M. Pousson,
    pardonnez mon intrusion dans votre blog mais j'aimerais répondre à Pierre au sujet du "protectionnisme vaseux" à la Suisse; il devrait savoir que ce pays a de toujours appliqué des quotas à l'importation pour les denrées agricoles dont le vin, ceux-ci correspondant à la différence entre leur consommation intérieure moins leur production de l'année. à l'époque pas si lointaine ou la Suisse comme les autres pays européens produisaient de gros volumes de vin-aliment, cela a permis de maintenir des cours élevés et de sauver cette agriculture de montagne et ses paysages magnifiques ( imaginons les coteaux de Martigny ou Fully envahis par les arcosses comme par exemple la vallée du Rhône de Condrieu à Saint Péray )

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    1. Très bien. Et maintenant expliquez-moi en quoi ce "protectionnisme" fait d'un vin qu'il est plus ou moins une "affaire"

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