Bleu-blanc-coup-de-rouge.


Moi, même si ça hérisse le poil des militants (surtout aux extrêmes), j'aime bien l'idée de François Hollande de demander aux Français de pavoiser leurs maisons. La seule bannière tricolore va-t-elle résoudre les monceaux de problèmes que ce pays a à affronter, problèmes qu'il a esquivés depuis des décennies comme le soulignait hier matin El País? Sûrement pas. On aura évidemment besoin de bien davantage pour se débarrasser de toute la poussière soigneusement cachée sous le tapis, comme des "secrets de famille" notait mon docteur, de tant d'années de déni, de fuite, de lâcheté.
Les "tabous" de la France (ce sont les termes du quotidien espagnol), c'est à cela qu'il faudra s'attaquer, aux problèmes qu'on devra nommer, comme par exemple* la reconquête des "territoires perdus de la République", ou l'extraordinaire visibilité de la montée de l'intégrisme musulman, le "communautarisme" comme on appelle ça pudiquement (hypocrite pudeur dont El País se gausse), qui nous frappe à chaque visite en France. Comme si on y avait oublié que tout au bout de la tolérance (surtout matinée de clientélisme), il y a la soumission.


N'empêche, soyons positifs, qui aurait pu croire, il y a quelques semaines encore, qu'il serait bien vu, en France, d'accrocher à sa fenêtre un drapeau bleu-blanc-rouge? Chez les arbitres des élégances médiatico-politiques, le tarif, pour oser brandir cette bannière honnie, c'était (au minimum) de se faire traiter de "facho". Facho comme nos ancêtres tombés pour nous offrir les valeurs incarnées par ce drapeau, facho comme les tableaux de Dufy, ces rues gaies et pavoisées, le port du Havre, facho comme la Liberté de Delacroix. Passons.
Loin de tout nationalisme** béat, de tout angélisme benêt, j'ai donc décidé de suivre, le souhait du Président de la République. Le problème, c'est que pour trouver une bannière bleu-blanc-rouge à Barcelone (mais il paraît que c'est désormais pareil de l'autre côté des Pyrénées), il faut se lever de bonne heure. Sauf à aller voler celle du consulat.
Quoi de plus français, donc, que le système D? Direction les placards à vêtements et la boîte à couture. 


Au passage, je récupère en guise de mât un balai qui, pour l'occasion, a plutôt bonne mine. Reste l'étendard. Une veste de jardinier d'un bleu assez conforme; un T-shirt le blanc, le seul que j'ai de propre, orné d'un cochon pas très gaulois*** mais qui donnera un air festif à l'ensemble; un gilet rouge vermillon dont je découvre au passage qu'il faudra le repriser, il a un petit trou dans le dos.
Le second problème, c'est que je suis toujours aussi peu doué en couture. On a je crois essayé de me l'enseigner au collège, visiblement, ça n'a pas fonctionné. Même en cuisine, tout le monde se fout de moi quand il s'agit de brider une volaille! Ce sont en fait des épingles à nourrice qui me sauvent la mise. Mon côté punk…


Les couleurs sont hissées dans le ciel turquoise de Barcelone. Bon, il va falloir mettre tout ça d'équerre, histoire de faire bonne figure dans cette région où l'on achète les drapeaux, les senyeras au kilomètres et où les balcons sont pavoisés trois-cent-soixante-cinq jours par an.
En attendant, avec une pensée plus qu'émue pour les cent-trente victimes innocentes, les cent-trente martyrs du nazislamisme, je me sers un verre d'un autre symbole de la France: du vin rouge, du bordeaux****. Une merveille d'ailleurs, un jus de culture, qui console et galvanise. Un drapeau en soi.





* Entre autres, car il faudra aussi parler de ce chômage qui n'en fini pas de ne pas vouloir décroître en France: +42000 demandeurs d'emploi le mois dernier, c'est catastrophique! Ça aussi, c'est une guerre, on ne peut pas déserter, d'autant qu'elle est finalement assez liée à l'autre guerre.
** Évitons de confondre nationalisme et patriotisme, souvenons-nous de la belle phrase de Romain Gary: "le patriotisme, c'est l'amour des siens; le nationalisme, c'est la haine des autres".
*** Il s'agit en fait du cochon du restaurant londonien le St.John, évoqué ici.
**** Bientôt, bientôt, je vous promets, ces bonnes affaires bordelaises… 



Commentaires

  1. Tu as envisagé une carrière de grand couturier ?

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    1. Si cela peut te rassurer, tu ne lui ressembles pas.
      Je vois plus d'énergie, de dynamisme.
      Christian ?

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