La malbouffe, c'est un choix.


Si vous avez un peu de temps  ce week-end, n'hésitez pas, lisez la dernière note de l'INSEE. Les statisticiens se sont penchés sur le panier à commissions des Français. Avec une étude précise qui court sur plus de cinquante ans et étudie les modifications du comportement alimentaire.
Les chiffres qui en résultent sont édifiants, et ont plutôt tendance à confirmer un tendance lourde: les dépenses de nourritures se sont cassées la figure depuis 1960. Alors qu'elles représentait à l'époque 34,6%, plus du tiers du budget des ménages, elles atteignaient à peine 20,4%, un cinquième seulement en 2014. Une baisse de 41%! Le seul point positif, c'est que cette chute semble plus ou moins se stabiliser, peut-être pas tout le temps pour de bonnes raisons, la Crise y a plus que sa part.


Les chiffres sont encore plus dramatiques quand on analyse le contenu de ce panier à commissions. Car ils détaillent les habitudes alimentaires. Et là encore, le jugement est sans appel, les Français achètent de moins en moins de produits bruts, et de plus en plus de produits transformés et de plats cuisinés. En terme de goût, de culture, on sait ce que ça signifie. On en a également une idée précise en matière de santé publique…
Les dépenses hors domicile augmentent également (d'où la stabilisation des dernières années); quand on sait ce que l'on trouve dans les assiettes de la plupart des restaurants qui se fournissent au pousse-caddie ou en usine, il n'y a pas matière à se réjouir.


Détail sympathique, l'INSEE considère encore le vin comme un aliment puisqu'il figure dans cette étude. Là aussi, c'est une confirmation, baisse des vins "de consommation courante" et hausse des vins "de qualité supérieure". Un changement à mettre en rapport avec la multiplication des AOC depuis cinquante ans. En revanche, la consommation globale est en baisse.


Alors bien sûr, les statisticiens expliquent où passe tout l'argent que les Français ne consacrent plus à leur alimentation. À cause du prix de l'immobilier, la part du logement a augmenté, les impôts avec. Celle des voyages et des transports (la voiture principalement), aussi. Et sont apparus des postes extrêmement budgetivores: l'électronique et le téléphone, principalement. L'assurance-vie et la Santé (hors Sécurité Sociale) complètent le tableau, on avalait moins de vitamines et de compléments alimentaires, on allait moins chez le psy ou le podologue dans les années soixante…


Il est évident que ces chiffres dressent le tableau de cinquante ans de grande distribution (et de télévision) en France, cinquante années qui ont vu la désintégration d'un mode de vie, on va dire pour simplifier à l'extrême celui du bœuf bourguignon de maman en famille, et son remplacement par un autre, la pizza surgelée au micro-onde avalée devant la boîte-à-cons, sur le tapis.
Beaucoup chercheront à incriminer le "manque de temps", oubliant sciemment les contraintes, les servitudes d'antan (que le progrès technique a amoindries) et l'aspect chronophage de tant d'activités contemporaines. Certains sortiront les exemples de pauvreté extrême pour justifier notamment la grande distribution (pas si avantageuse que ça…). D'autres évoqueront l'air du temps et une "fatalité" qui, soyons honnêtes, n'est que la résultante d'un ensemble de choix individuels. Car oui, tout comme acheter une voiture plus chère ou un écran plat d'un mètre vingt, la malbouffe, c'est un choix.




Commentaires

Articles les plus consultés