Dans le même sac.


Évidemment, la réalité agace. La réalité de cette restauration française qui quand elle ne découpe pas des sachets Davigel pousse des caddies chez Métro (mes derniers billets ici et ) ne fait visiblement pas partie des "vérités bonnes à dire". Et pourtant…


On m'accuse, comme par exemple Nicolas Brousse du bistrot Monsieur Marius à Toulouse (où j'ai déjeuné il y a quelques mois), de mettre tous les cuisiniers "dans le même sac". Bien au contraire! Ce que je cherche, c'est de mettre en avant les irréductibles Gaulois qui refusent le progrès concocté par les fonctionnaires et les industriels. Je ne mets "dans le même sac" que ceux qui s'y mettent eux mêmes. Cette saloperie de "sac", de poche en plastique de la grande distribution, des entrepôts et des hypermarchés. Ce sac honteux de ceux qui mettent à sac le patrimoine culinaire hexagonal en y cachant des produits calibrés, normés, standardisés issus des multinationales du prêt-à-bouffer, des Nestlé-Monsanto & Cie. La gastronomie française, celle dans laquelle on se drape, est enfant d'une agriculture savante, précise, qui a su profiter d'un terroir (au sens climatique, culturel notamment) d'une richesse inouïe et le sublimer. Les tenants de la malbouffe détruiront tout cela car ils s'en tapent comme de leur première stock-option.


J'entends aussi que je donne ainsi des arguments aux méchants "étrangers" qui ont lancé un vilain bashing de la gastronomie française, se délectant (comme le NYT ci-dessus) de sa "décadence". Non, j'exerce simplement mon droit de client, de consommateur: je veux qu'on arrête de me mentir, qu'on arrête de me prendre pour un con ou pour un gogo. À cet égard, j'aimerais bien aussi que la Presse, les "guides" jouent un minimum leur rôle, nous aident à démêler le sac de nœuds de la restauration contemporaine, aillent jeter un coup d'œil dans les chambres froides et aux factures, "fassent les poubelles" (au propre comme au figuré), comme les grand-reporters de jadis quitte à prendre des grands noms la main dans le sac.


Pour ce qui est des restaurateurs, je reprends à mon compte la proposition du trublion Xavier Denamur, que chacun d'entre eux qui prétend cuisiner naturellement, sainement, en évoquant le terroir nous offre en entête de sa carte la liste exhaustive de ses fournisseurs. C'est assez simple à mettre en place et à contrôler. Si je précise "exhaustive", c'est parce que j'ai plus d'un tour dans mon sac et que je je connais la technique militaire du rideau de fumée: on balance (devant les journalistes de préférence) le nom d'un petit producteur d'huile de noisettes, de fromages de chèvre, d'herbes aromatiques bio ou d'un apiculteur chevelu, et on fait l'impasse sur le gros des troupes. Dans le monde d'aujourd'hui vampirisé par la GD, je veux connaître le type qui fournit la viande, le poisson, les légumes…
Bref, afin d'éviter de "mettre tout le monde dans le même sac", j'ai besoin, comme la plupart des consommateurs de restauration, comme tous les clients face au restaurateur-roi, d'un tout petit peu de transparence.





Commentaires

  1. Oui, pour le client. C’est la raison d’être de tout commerce. Et aussi pour soi, pour le plaisir de bien faire son métier, pour sa fierté, pour se coucher le soir l’esprit serein.
    On peut très bien garnir des sandwichs « vite fait » (pas de « s » final, c’est adverbial comme acception) lors d’un événement ponctuel et ne pas se déclarer « cuisinier », il n’y a aucune honte à cela. Et on n’empoisonnera pas les gens. Mais même ainsi, je me souviens de la fête de « L’été de Vaour » (Tarn) où de petites troupes viennent présenter des spectacles. Les fromages sont de Léonore et Mao et les saucisses et hamburgers proviennent de cochons fermiers locaux : délicieux ! Et le petit vin local, pas un « Grand Cru » mais qu’est-ce qu’on s’en fout, provient d’un vigneron guadeloupéen (ou martiniquais, sais plus) installé là-bas et il passe très bien.
    Et puis, il y a les chefs, les vrais, petits et grands. Moi, je préfère ceux qui cuisinent à ceux qui ouvrent des emballages scellés.

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